Depuis quelques temps nous assistons, à travers la presse, à une polémique ayant pour objet l'histoire de la Wilaya 3 (Kabylie) et son chef Amirouche: Cette polémique porte sur -La bleuite -Les ossements des chahid Amirouche et Si Houas gardés secrètement pendant des années dans une caserne de gendarmerie. -La mort de ces deux colonels, que certains attribuent à des responsables ( on cite Boumediene et Boussouf ) qui auraient communiqué à l'ennemi l'itinéraire que devaient emprunter les deux colonels convoqués à Tunis. Si pour la «Bleuite» et les ossements des deux colonels, on peut légitimement polémiquer, (certains leur trouvant des justificatifs, d'autres les condamnant), il n'en est pas de même pour les circonstances ayant entrainé la mort de ces deux héros et de leurs compagnons. Quand on lance des noms illustres à l'opinion publique, les accusant de collision avec l'ennemi en les jetant à l'opprobre, il faut des preuves solides, sinon, si on se considère responsable, on s'abstient de rapporter la propagande distillée par les services psychologiques du deuxième bureau français. J'espère mettre fin à cette cabale en rapportant ce qu'a écrit à ce sujet le responsable des transmissions de la wilaya 1 ( Aurès) et secrétaire général de cette wilaya de 1957 à 1962, le capitaine de l'ALN, RAHAL Mansour, dit Saïd Ben Abdallah, dans son livre passé inaperçu, «les maquisards», édité à titre d'auteur, en décembre 2000, par l'entreprise de presse ECHOUROUK. - Page 180 : « En ce mois de janvier 1959, les stations radio de la wilaya 1 ainsi que celle de la wilaya 2, voient leur activité intensifiée en raison de disfonctionnement de l'émetteur de la wilaya 3 ( la wilaya 6 en étant dépourvue). Ainsi le GPRA et le COM eurent-ils recours aux stations de l'Aurès et de SMENDOU pour transiter les télégrammes destinés aux wilayas citées.» C'est ainsi que RAHAL Mansour, en sa qualité de responsable des transmissions de la wilaya des Aurès eut à recevoir et à faire acheminer au colonel Amirouche les télégrammes envoyés par le COM. - Pages 189, 190, 191: «En ce début du mois de février 1959, la station de la wilaya des Aurès, reçut à quelques jours d'intervalle, deux télégrammes émanant du commandent des opérations militaires (COM ) dirigé par le colonel Mohamedi Said, et adressés au colonel Amirouche de la wilaya 3. L'objet du dernier message revêtait une importance exceptionnelle puisqu'il demandait au colonel Amirouche de se rendre en Tunisie. S'agissant d'un télégramme, le texte ne comportait aucune autre explication.» «Aussitôt après la réception de ces télégrammes de convocation, le commandant Hadj Lakhdar, -chef de la wilaya des Aurès- veilla à leur acheminement diligent vers la wilaya 3. Un officier, Mohamed Cherif BENAKCHA ( chef de région en zone1) fut lui-même investi de cette mission Le colonel Amirouche reçut les 18 et 27 février 1959,les deux télégrammes , « de son côté le colonnel Amirouche adresse en date du 01 mars 1959, un message destiné au COM, dans lequel il accusait réception de ces messages et informant qu'il comptait rejoindre vers le 20 avril 1959 la Tunisie». «Ironie du sort, l'accusé de réception des télégrammes de convocation expédié par le colonel Amirouche, ne parvint au PC de la wilaya 1 que deux jours après ce triste évènement » (mort de Amirouche et de Haouas) En page 191, figure la photocopie de ce télégramme, signé par Amirouche. - Exp: Sagh Thani Si Amirouche - Dest : C.O.M Tunis - Reçu 1er message daté du 25 janvier, en nord constantinois- 16 février - Reçu 2ème message 39- 70, le 18. 2 par wilaya 1 - Reçu 3ème message N° 47.77, le 27. 2 par wilaya 1 - Vers le 20 avril serons parmi vous». Au vu de ces éléments, il était impossible aux responsables en Tunisie ou ailleurs de connaître l'itinéraire de Amirouche puisqu'il ne l'a pas communiqué. Bien plus, ils ignoraient même qu'il était en mouvement, le télégramme envoyé par courrier de la Kabylie vers les Aurès n'est arrivé au PC de cette dernière que deux jours après l'accrochage lui ayant couté la vie ainsi qu'à ses compagnons. Le livre «Les maquisards» a été écrit il y a dix ans, donc bien avant que la polémique n'éclate. L'auteur, RAHAL Mansour, jeune lycéen ayant rejoint l'ALN après la grève des étudiants, a quitté l'ALN le jour de l'indépendance. Comme des milliers de jeunes d'alors, il ne voulait servir aucun clan ou chapelle. De l'indépendance à sa mort, il n'a adhéré à aucun parti ou association de masse ou de soutien. J'espère que par ces éléments d'information, avoir convaincu ceux qui de bonne foi, ont cru que les chahid Amirouche et Haouas ont été «donnés» par les leurs. Ceux qui visent d'autres objectifs, laissons les à leur conscience. *Ancien membre de l'ALN Tlemcen