Sans Djezzy, les actifs d'Orascom Télécom Holding perdaient de leur lustre pour MTN. Les discussions qui se sont poursuivies après le veto d'Alger viennent de se terminer par un échec prévisible. L'action de MTN rebondit, celle d'Orascom Télécom Holding chute. L'annonce, mercredi, par MTN, puis par Orascom Télécom, de la fin des pourparlers pour l'achat d'actifs du groupe égyptien en Afrique a eu des effets opposés pour les deux acteurs. La fin des pourparlers a mis fin aux craintes des investisseurs sud-africains de voir MTN payer excessivement cher l'achat des actifs d'OTH afin de s'étendre sur le continent. A l'opposé, les ventes des actions d'Orascom Télécom se sont accélérées jeudi, au lendemain de l'annonce de l'échec des pourparlers. Ainsi, l'action de MTN a gagné 3,5% à la clôture pour se vendre à 104,99 rands tandis que l'action d'Orascom Télécom Holding perdait 6% pour se vendre à 5,53 livres égyptiennes. MTN a invoqué des «obstacles règlementaires» qui la contraignent à mettre fin aux pourparlers avec le groupe égyptien. Par «obstacles règlementaires», il faut bien entendu comprendre le refus énergique exprimé par le gouvernement algérien à toute vente d'Orascom Télécom Algérie (OTA - Djezzy). L'Etat algérien avait fait valoir un droit de préemption introduit dans la loi de finances complémentaire 2009. Ce droit de préemption avait été introduit par les autorités algériennes à la suite de la cession de la filière ciment d'Orascom au groupe Lafarge qui s'est retrouvé, sans avoir eu à informer ni solliciter l'aval du gouvernement algérien, propriétaire de deux cimenteries en Algérie. La loi de finances complémentaire (LFC 2009) dispose que «l'Etat ainsi que les entreprises publiques économiques disposent d'un droit de préemption sur toutes les cessions de participations des actionnaires étrangers ou au profit d'actionnaires étrangers». Un avenir pour MTN en Algérie ? Dès que les pourparlers entre MTN et Orascom ont commencé, l'Etat algérien a fait savoir que toute transaction concernant Djezzy serait nulle et non avenue et qu'elle pourrait même donner lieu à un retrait de la licence octroyée à OTA. Les autorités algériennes en ont informé directement le groupe sud-africain qui était ainsi avisé des risques qu'il prendrait s'il concluait une transaction incluant Djezzy. Cette opposition algérienne a changé la nature des pourparlers. Djezzy éliminée du lot, le groupe sud-africain devait se poser la question de l'intérêt d'avoir à acheter les actifs du groupe Sawiris en Afrique sub-saharienne et en Tunisie (Orascom Télécom est présent dans «Tunisiana»). Les discussions entre MTN et Orascom Télécom se sont poursuivies après le veto de l'Algérie sur Djezzy. Mais pour beaucoup d'analystes, une transaction qui exclut Djezzy, la filiale la plus rentable du groupe Orascom, ne présentait pas un grand intérêt économique pour le groupe sud-africain. MTN cherche à se développer et à prendre pied au Maghreb. Le faire par le biais de l'acquisition de Djezzy avait du sens. Sans Djezzy, l'affaire perdait de son attrait. Le groupe sud-africain a, en définitive, pris acte du fait que sans la filiale algérienne, il n'est pas de son intérêt de conclure une transaction. Le sud-africain doit-il tirer un trait définitif sur le marché algérien ? Cela dépend en réalité des intentions du gouvernement algérien après le rachat de Djezzy. S'il a décidé de céder une partie du capital à un opérateur privé - il peut le faire jusqu'à hauteur de 49% - cela pourrait constituer une opportunité pour MTN. Il faut rappeler les déclarations de M. Mourad Medelci en marge de la clôture de la 5e session de la Haute commission binationale de coopération entre l'Algérie et l'Afrique du Sud. Tout en indiquant que le dossier MTN-Orascom sur Djezzy était clos, le ministre algérien des Affaires étrangères avait indiqué que les «entreprises sud-africaines et, en particulier, MTN ont toujours la possibilité de travailler en Algérie et que beaucoup d'occasions se présenteront à l'avenir».