La dernière tripartite avait décidé de la tenue d'une rencontre à la fin du premier trimestre 2010 pour trancher sur des propositions «d'amélioration» du Credoc et des relations banques-entreprises. Des propositions ont été faites mais le gouvernement tarde à convoquer la rencontre prévue pour les examiner. Certains y voient une fin de non-recevoir. Les dirigeants des organisations patronales s'inquiètent de l'absence de réponse du gouvernement aux propositions relatives à l'aménagement du Credoc pour les entreprises productives et aux relations banques-entreprises. L'une des annonces de la tripartite, la 13ème, tenue les 2 et 3 décembre 2009, portait sur une rencontre entre le Premier ministre, le secrétaire général de l'UGTA et les présidents des organisations patronales pour aborder ces aspects. Le communiqué de la tripartite fixait le rendez-vous à la fin du premier trimestre 2010 pour faire le point «des améliorations qui auront été dégagées au profit des entreprises productives dans l'usage du crédit documentaire pour le financement des importations de leurs intrants et l'amélioration du financement des petites et moyennes entreprises». Des dirigeants d'organisations patronales constatent avec un certain désabusement que l'on approche de la fin du deuxième trimestre sans que ladite réunion n'ait été tenue. Les organisations patronales avaient profité de la tenue de la tripartite pour évoquer les problèmes rencontrés par les entreprises productrices du «fait de l'obligation du recours exclusif au crédit documentaire pour les importations des matières premières et des intrants». Le communiqué de la tripartite prenait également note de l'insistance des organisations patronales au sujet de «la mise en œuvre des recommandations qu'elles ont dégagées conjointement avec les banques publiques en 2005, en vue de l'amélioration de l'environnement des PME productives de biens et de services». Deux commissions et des propositions Le travail a pourtant été fait après la tripartite. «Deux commissions ont été mises en place pour dégager des propositions concernant l'amélioration de la relation banques/entreprises et le crédit documentaire», précise le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), Abdelaziz Mehenni. La première commission était présidée par le directeur général du Trésor public et la seconde par le délégué général de l'Association des banques et d'établissements financiers (ABEF). «Les conclusions de ces deux commissions ont été remises, avant fin mars dernier, à M. Hamouche, chargé de mission auprès du Premier ministre», nous confie le président du CIPA. Les deux commissions ont dégagé des propositions à soumettre pour la rencontre prévue et non encore convoquée. Pour le dossier du crédit documentaire, il a été suggéré «l'ouverture d'accréditif par signature». «Celui-ci devrait permettre aux entreprises de production qui doivent acquérir de la matière première, en particulier celles qui ont des problèmes de trésorerie, de ne verser la somme requise que trois mois plus tard», explique-t-il. Dans «le cas où le fournisseur réclame un crédit irréversible et confirmé, l'entreprise devra s'acquitter auprès de la banque d'un surplus de 3% de la valeur de la marchandise importée», ajoute M. Mehenni. «Lettre morte » Concernant le dossier de la relation banques/entreprises, il a été proposé de mettre en place une médiation des organisations patronales entre les entreprises adhérentes et les établissements bancaires. «Il s'agit d'un accompagnement des entreprises pour régler les problèmes qui surgissent, notamment en matière d'intérêts et d'agios abusifs», nous confie le président de la CIPA. Trois mois après la finalisation des propositions des deux commissions, aucune date n'a été fixée par le Premier ministère pour l'organisation de cette réunion prévue lors de la dernière tripartite. «Finalement, nos propositions sont restées lettre morte. Elles n'ont plus aucun intérêt pour les dizaines d'entreprises qui ont déjà mis la clé sous le paillasson», note le président de la CIPA qui estime que l'instauration du Credoc s'est faite avec «beaucoup de casse» chez les entreprises de production. Cette décision «est venue s'ajouter à une série de contraintes, dont la décennie noire, l'ouverture sauvage du commerce extérieur, et le règne de l'informel».