7%. C'est le chiffre de la modeste hausse des pensions et allocations de retraite annoncée jeudi par le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh. Pas de quoi enchanter les retraités et la FNTR. Plus de 1,9 million retraités vont bénéficier de cette hausse qui intervient à la suite d'une décision ministérielle relative à la revalorisation des pensions et allocations des retraités, signée mercredi. L'entrée d'effet de la hausse ayant été fixé au mois de mai, les retraités concernés devraient recevoir un petit rappel. C'est sans doute en référence à la modestie de la hausse dont l'incidence est estimée à 10,64 milliards de dinars que le ministre du travail a tenu à préciser qu'elle prenait en «compte les équilibres financiers de la Caisse nationale de retraite». Les chiffres donnés par le ministre sur le fait que les revalorisations des retraites entre 2000-2009 ont entraîné une évolution de 50% ne sont pas de nature à satisfaire la Fédération nationale des retraités qui demande une «revalorisation annuelle conséquente» qui tienne compte de la précarité et de l'érosion du pouvoir d'achat des retraités. Les 50% évoqués par le ministre ont été en effet engloutis par l'inflation et sont dépassés par les évènements. Le ministre évoque, outre cette évolution de 50% sur presque 10 ans, la revalorisation exceptionnelle de 5% des petites pensions et allocations de retraite en 2009 décidée par le chef de l'Etat «parallèlement à la revalorisation annuelle de 2009 au profit de 1 320 962 bénéficiaires». Parmi les «bienfaits» de la politique du gouvernement, Tayeb Louh cite l'octroi aux retraités et à leurs ayants droit du système du Tiers payant pour le médicament auprès des pharmacies (opération nationale) et du système du Tiers payant pour les soins de santé auprès du médecin traitant (opération en cours de généralisation). Il a également évoqué le relèvement des montants des seuils minimum des petites pensions (75% du SNMG), soit 881.822 petites pensions et des pensions des moudjahidine (2.5 fois le SNMG), soit 186 854 retraités moudjahidine, suite au relèvement successif du SNMG, dont la dernière évolution fixée à 25% est intervenue en 2010. Il cite également la majoration pour conjoint à charge de plus de 50 % entre 2003 et 2009, passant de 700 DA en 2003 à 1500 dinars en 2009. M.Tayeb Louh a annoncé, par ailleurs, que le projet du dossier relatif au régime de retraite est «prêt» et comprend une série de mesures liées à la réforme de ce dernier. «Il est actuellement au niveau du Premier ministre», a-t-il indiqué en précisant que les nouvelles mesures proposées dans ce dossier «ne concernent pas l'âge de la retraite normale (60 ans) prévu dans notre législation nationale». Rendez-nous les 400 milliards de dinars ! L'accumulation des chiffres sur les progrès présumés de la situation des retraités devrait laisser froid la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR). L'annonce de Tayeb Louh est très en deçà de ce que ses dirigeants attendaient alors que des catégories très larges de retraités n'arrivent pas à joindre les deux bouts. L'une des revendications phares de la FNTR est un retour à la pension de 100% qui a été ramenée en 1999 à 75% du SNMG. Pour les responsables de la Fédération, ce changement introduit par la 99-03 est inique et n'a pas de justification économique alors qu'on a forcé la Caisse nationale des retraites à financer la retraite proportionnelle et sans condition d'âge. Le coût de cette dernière 400 milliards de DA a déstabilisé les équilibres financiers de la Caisse des retraites. Le secrétaire général de la FNTR, Smail Allaouchiche, estime que les arguments avancés pour éviter une revalorisation conséquente des pensions ne tiennent pas la route si l'Etat accepte de restituer à la CNR «les 400 milliards de dinars utilisés pour faciliter le départ de 400.000 travailleurs à la retraite proportionnelle, dans le cadre de l'ordonnance 97-13 ».