Fin 2009, les relations algéro-égyptiennes ont frôlé la rupture, y compris diplomatique. La cause en fut les graves incidents ayant émaillé les matches de football entre les équipes nationales des deux pays pour le compte de leur qualification aux phases finales de la Coup d'Afrique des nations et du Mondial. Des incidents qui ont alimenté d'hystériques échanges d'insultes et de dénigrements entre les deux pays par médias nationaux interposés. Bref, il en a résulté une brouille qui a affecté ces relations algéro-égyptiennes à tous les niveaux et en tous leurs domaines. Néanmoins, au plus fort de cette brouille et même si les autorités égyptiennes, ayant des raisons de politique interne à dramatiser la crise bilatérale, ont momentanément rappelé l'ambassadeur de leur pays en Algérie, les responsables politiques des deux Etats se sont interdit les gestes et initiatives conduisant à la rupture totale entre leurs deux nations, alors que leurs opinions publiques, chauffées à blanc, y auraient certainement applaudi. Il n'en demeure pas moins que les turbulences qui ont marqué les relations algéro-égyptiennes ne sont pas de celles qui surviennent sans marquer durablement. La raison politique, autant du côté égyptien qu'algérien, plaide pourtant pour la normalisation de ces relations. Ce à quoi se sont attelés par petites touches Bouteflika et Hosni Moubarak. Le président égyptien a cru, dans un premier temps, parvenir à atteindre cet objectif en suscitant les médiations de «pays frères et amis» des deux nations. L'Algérie, qui s'est estimée à bon droit avoir été victime d'une opération politique égypto-égyptienne qui a fait litière de sa fierté nationale, de son identité et de son patriotisme, s'est refusée à cette sorte de solution à la brouille, d'autant que les officiels égyptiens s'égosillaient dans le même temps à exiger d'elle des excuses. Ce que constatant, Moubarak a été contraint de changer son fusil d'épaule. La normalisation avec l'Algérie étant devenue pour lui un objectif d'importance en raison de l'affaiblissement de l'influence égyptienne sur la scène internationale, aussi bien que régionale et africaine, il s'est vu obligé à faire le premier pas pour jalonner la voie à la normalisation algéro-égyptienne. C'est le but de la visite «surprise» qu'il a effectuée hier à Alger, même si le prétexte officiel qui la justifie est que le président égyptien y a sacrifié pour présenter personnellement ses condoléances à Bouteflika suite au décès de son frère. Il fallait effectivement qu'elle ait cette apparence pour ne pas heurter l'opinion égyptienne que ses services de propagande ont durablement remontée contre l'Algérie et qui n'aurait pas compris et admis que son président «aille à Canossa». Il n'en demeure pas moins que c'est l'Egypte de Moubarak qui est en besoin et en demande de normalisation avec l'Algérie. Il se peut que la visite de Moubarak aplanisse au niveau officiel le terrain à cette normalisation. En politique, surtout dans le monde arabe, tout est possible sur ce plan. Mais la guerre des mots à laquelle on s'est livré dans les deux pays suite aux incidents ayant entouré les matches de football qui les ont opposés, a produit d'irréversibles séquelles qui font que les rapports entre les deux nations se sont irrémédiablement distendus et ne se déclineront plus sous les angles de la fraternité ou de la communauté d'histoire et de destin. Ce que l'on ne doit pas vivre forcément comme un «gâchis», mais comme une opportunité d'établir des relations bilatérales sur la base des intérêts réciproques que l'on peut tirer de leur nouaison.