Les pouvoirs publics ont renfloué financièrement des entreprises étatiques moribondes avec l'objectif qu'elles puissent, dans leurs secteurs respectifs, servir d'instruments de régulation et offrir à la clientèle des services dont le coût n'obéit pas à la loi de la spéculation. C'est ainsi par exemple que les usagers des transports urbains ont vu, avec une satisfaction compréhensible, le retour sur ces créneaux d'entreprises publiques dont les prix de transport ont été tarifés à hauteur acceptable pour leurs bourses. Tant que ces entreprises s'en sont tenues à leur offre de prix abordable pour les citoyens, leur ministère de tutelle avait bon argument de s'opposer aux demandes récurrentes des transports privés d'augmenter les leurs. En toute justice, il n'est plus en droit de le faire à partir du moment où il a autorisé ces entreprises publiques de son secteur à relever leurs prix de transport sous prétexte de leur permettre de faire face à des problèmes de trésorerie. Les opérateurs privés justifient eux aussi leur doléance par la même raison. Dans le secteur public, celui des transports et tous les autres, les entreprises «assainies» et renflouées financièrement sont pratiquement dans l'incapacité d'être performantes et encore moins de faire la concurrence à leurs compétiteurs privés, dès lors que leur mode de management est resté le même que celui qui les a mis en faillite. Le retour de l'Etat dans certains domaines d'activité qu'il avait totalement abandonnés au profit des opérateurs privés n'est pas une hérésie en son principe, au regard du comportement globalement négatif de ces derniers. Mais pour être profitable à l'économie nationale et aux citoyens, faut-il que la démarche ne réinstaure pas les réflexes et le type de fonctionnement qui fut celui du secteur public au temps de sa gestion administrée. Les augmentations que les entreprises publiques du transport urbain ont été autorisées à pratiquer sont légitimement décriées par les usagers et vont être une incitation pour les transporteurs privés à en faire de même. En ces temps d'inflation galopante, la décision est assurément le mauvais signal qu'une administration publique se devait d'éviter. Il est à craindre que l'augmentation qui vient de prendre effet dans les transports urbains publics ait un effet boule de neige, non seulement dans le secteur mais en d'autres. Les boulangers, pour ne citer qu'eux, ne manqueront pas de remonter au créneau pour revendiquer que leur doléance concernant une hausse du prix du pain soit considérée avec la même logique que celle ayant rendu possible l'augmentation consentie aux opérateurs publics du transport urbain. Le comble avec la décision du ministère des Transports est que l'augmentation de prix qu'il a entérinée n'aura pas forcément le résultat escompté pour les entreprises sous sa tutelle. Pas celui en tout cas de l'équilibre budgétaire dès lors, nous le répétons, qu'elles perpétuent un système de gestion obsolète dilapideur des deniers par manque de rigueur et excès de procédures bureaucratiques. Il est vrai que l'aisance financière que procurent les hydrocarbures est en train de faire oublier les raisons qui ont mené à l'échec de l'économie étatisée.