Le mois de ramadhan tire à sa fin. Il laisse derrière lui des familles au budget ménager sérieusement grevé et pour beaucoup dans un état d'endettement qu'elles auront de la peine à apurer, même en s'astreignant à de rudes sacrifices dans leur train de vie après cette période. Du début à la fin de ce mois de ramadhan, les consommateurs ont subi la féroce loi d'un marché en folie de par le diktat d'opérateurs ayant fait fi de toute morale. Pas même celle de faire de bonnes affaires sans vider les porte-monnaie de leurs clientèles par les pratiques spéculatives auxquelles ils se sont livrés avec une ahurissante impunité. L'administration du ministère du Commerce pourra toujours arguer que ses agents n'ont pas chômé durant ce mois de ramadhan et faire état du bilan des actions de contrôle faites par eux, son exercice ne masquera nullement le fait que malgré les promesses et l'engagement des pouvoirs publics, les spéculateurs sont restés maîtres du marché. Au point que ceux qui sévissent dans la filière viande rouge, par exemple, ont récupéré à leur profit l'opération d'importation de viande d'Inde faite avec les deniers publics et l'ont transformée en fiasco. Cette opération était destinée à atténuer le surenchérissement du prix de ce produit par la mise sur le marché d'abondantes quantités à un coût déterminé par l'Etat qui en est le fournisseur. Faute d'un circuit de commercialisation étatique apte à satisfaire la demande populaire aux prix fixés par les pouvoirs publics, ce sont des opérateurs privés qui se sont accaparés de cette viande d'importation qu'ils ont mise en vente à des prix supérieurs à ceux fixés par l'Etat. Au final, l'opération n'a nullement bénéficié aux consommateurs puisqu'ils ont été contraints d'acheter tout ce mois de la viande surgelée ou fraîche à des prix plus élevés qu'avant l'opération d'importation de la viande d'Inde. Dans cette affaire, les pouvoirs publics ont été dans l'incapacité flagrante de veiller au respect des conditions qu'ils ont mis à la commercialisation de cette viande. Ils ont été par conséquent encore moins en situation d'assumer les fonctions de régulation et de contrôle de l'ensemble du marché. Il ne faut pas pour autant s'attendre à ce que le ministère du Commerce admette que l'opération importation de viande s'est finalement soldée par un fiasco au vu de l'objectif qui l'a justifiée. Ce constat ne vaut pas uniquement pour ce cas précis. Il est vérifiable pour pratiquement toutes les initiatives que les pouvoirs publics annoncent et entreprennent à grand renfort de publicité pour censément pallier ou mettre un terme à telle ou telle situation dont les citoyens pâtissent des conséquences négatives. Ceci est la résultante d'une gouvernance qui fait de l'effet d'annonce un mode de gestion et du «bricolage» un recours. Les limites de cette gouvernance et sa perversité n'ont pas encore conduit à l'explosion sociale uniquement parce que ses promoteurs ont à disposition l'argent de la rente énergétique, dont ils usent immodérément pour parer aux situations porteuses de dangers évidents.