Les véhicules hippomobiles des revendeurs ambulants de fruits et légumes et de divers autres produits refont leur apparition dans les rues et les artères de la ville. En vérité, ils n'ont jamais réellement disparu, mais ils prenaient soin d'éviter les grandes artères de la ville de crainte de se faire saisir. Leur réapparition, même sur certaines grandes artères de la ville, contribue malheureusement à la dégradation du paysage de la ville d'Oran, dont le blason est déjà terni par le manque d'hygiène, conjugué à l'incivisme. En dépit d'un arrêté stipulant leur interdiction de circuler, qui a été promulgué récemment par la wilaya, les charrettes attelées à des bêtes de somme ont recommencé à sillonner les rues d'Oran après une relative disparition. Elles sont notamment utilisées pour le transport des fruits et légumes, qui sont proposés à la vente à la criée dans les cités et quartiers. Leurs déplacements d'un endroit à l'autre de la ville sont à l'origine de nombreux désagréments causés à la circulation automobile et piétonnière ainsi qu'à l'environnement. Les propriétaires de ces charrettes sont généralement les membres d'une famille issus de l'exode rural qui ont fui la pauvreté et l'absence de débouchés prévalant dans leurs contrées d'origine. Ces familles ont, dans leur grande majorité, élu domicile dans les constructions illicites ceinturant la ville. Dès les premières lueurs de l'aube, les véhicules hippomobiles convergent à partir des bidonvilles vers le marché de vente en gros de fruits et légumes, les Halles centrales, leur lieu d'approvisionnement, avant de se dispatcher dans différentes parties de la cité. Chacun d'eux dispose d'un lieu de prédilection favori et respecte le choix de l'autre en évitant de piétiner sur ses plates-bandes. «A mon humble avis, je travaille en toute légalité. J'achète et je revends des produits en tirant un certain bénéfice pour nourrir ma famille. Que voulez-vous que je fasse d'autre ? Je n'ai pas trouvé de travail et il faut bien que je subvienne aux besoins de ma famille», a fait remarquer un charretier, qui a jeté son dévolu sur une cité de la périphérie Ouest d'Oran. «J'effectue mes achats régulièrement chez ces marchands ambulants. Cela m'évite de me déplacer jusqu'au marché où les prix proposés sont souvent plus élevés», a confié une ménagère demeurant dans une cité. Toujours est-il que des opérations coups-de-poing, opérées timidement et au gré des décisions, ciblent parfois certains quartiers, sans pour autant, évidement, procéder à un assainissement définitif de la situation. Une véritable action, n'ayant pas une consonance négative, s'annonce nécessaire pour tenter de préserver ce qui reste de l'image d'une ville qui a été classée, dans un passé encore vivace, parmi l'une des plus belles du bassin méditerranéen.