L'avancée des travaux de réalisation du tramway d'Oran continue à se répercuter de manière négative sur l'activité des commerçants dont les artères sont touchées directement par le chantier. Après l'avenue Hammou Mokhtar (St-Eugène), ce sera au tour de la rue de Mostaganem de connaître le même sort. En effet, l'avenue de St-Eugène, artère commerçante, est maintenant carrément fermée, ce qui signifie une paralysie quasi totale de l'activité. Face à cette détérioration, quelque 1.300 commerçants ont interpellé, hier, la direction de l'entreprise chargée de la réalisation des travaux du tramway pour prendre les mesures qui s'imposent en de telles circonstances. Les concernés demandent à être dédommagés après les pertes sèches qu'a enregistrées leur activité depuis l'été dernier, a souligné, hier, le coordinateur local de l'UGCAA. Les fermetures progressives de ces artères - celle de la rue de Mostaganem ne s'aurait tarder - sans prendre la peine d'informer les commerçants ont causé leur perte, a signalé notre interlocuteur. Tout en soulignant le marasme qui caractérise l'activité commerciale au niveau de ces artères concernées par les travaux du tramway, le coordinateur local a expliqué que ces rues ont été fermées au moment où les commerçants s'apprêtaient à s'approvisionner en denrées alimentaires pour le mois de Ramadhan. Devant cet état de fait, les habitants seront contraints de se déplacer vers le centre-ville ou bien à M'dina Jdida pour faire leurs courses. Une autre corvée qui va durer tout le mois de Ramadhan et peut être au-delà, ajoute-t-il. Tout en dénonçant ces désagréments, notre interlocuteur a tenu à préciser que le pire risque de se produire dans le cas où aucune mesure n'est prise pour venir en aide aux commerçants. Le chantier risque de durer trois ans, donc trois ans de fermeture pour des commerçants dont certains sont locataires alors que d'autres ont préféré mettre la clé sous le paillasson. Ainsi et en attendant du nouveau, il y a lieu de signaler que ces commerçants ont désigné un avocat qui prendra en charge leurs intérêts. Le mois dernier, les commerçants de l'avenue Mohamed Khemisti à Es-Sénia étaient montés au créneau pour les mêmes raisons. Pénalisés par les travaux du tracé du tramway, les concernés avaient fait part de leur intention d'engager un avocat et intenter une action en justice, en vue d'être indemnisés. En effet, la baisse d'activité enregistrée depuis le début des travaux a été la goutte qui a fait déborder le vase chez les membres de la corporation. Une baisse sensible qui a incité bon nombre d'entre eux à fermer boutique. Ce chantier a engendré des pertes sèches de sorte que l'activité commerciale a baissé de 70%, voire 80%, apprend-on. Une situation que les concernés ont décidé de prendre en main en faisant appel dans un premier temps à un expert pour étudier et limiter la baisse du chiffre d'affaires en plus d'un avocat chargé de représenter ces commerçants et demander leur indemnisation auprès de la direction de l'entreprise chargée de la réalisation des travaux. Une commission représentant les commerçants touchés par ces travaux a été installée, le mois dernier, pour prendre attache avec l'avocat ainsi que l'expert afin de trouver une solution au problème des pertes sèches, a indiqué M. Zoubba, coordinateur du bureau d'Es-Sénia de l'UGCAA. Il est question, selon notre interlocuteur, d'identifier tous les opérateurs pénalisés par ces travaux. Outre l'indemnisation des commerçants, les intervenants ont décidé après concertation avec le représentant du bureau à adresser des demandes à la direction des impôts pour une éventuelle révision de leurs chiffres d'affaires. Rappelons que des instructions ont été données dans ce sens par la direction générale des impôts à l'ensemble de ses services pour procéder à des études de cas par cas des dossiers de l'ensemble des commerçants pénalisés par les différents chantiers. Les commerçants ont fini par obtenir gain de cause, puisqu'un abattement de 80% leur a été octroyé. Pour rappel, le tramway d'Oran aura un tracé bidirectionnel. Dans sa version première, le tramway devait s'étendre sur une longueur de 18,7 kilomètres, entre la commune d'Es-Sénia et la localité de Sidi Maârouf via la place du 1er Novembre (ex-place d'Armes) au centre-ville, comprenant 30 rames d'une capacité de transport de 325 passagers chacune, soit 88,5 millions de passagers par an. Mais par la suite une extension a été décidée, du côté Est de Sidi Maârouf vers le futur pôle universitaire, et du côté Sud d'Es-Sénia vers l'aéroport. Lancé fin 2008, le projet devait coûter plus de 39 milliards de DA. Le consortium «TramNour» en charge du projet est composé du Groupe d'ingénierie espagnol «Isolux Corsan» et du fournisseur français de tramways «Alstom», rappelle-t-on encore.