"Le silence est la plus grande persécution ; jamais les saints ne se sont tus". Pascal Et voilà que l'équipe nationale de foot ne gagne même pas à domicile! Cette malédiction, qui fait que les relations culturelles avec les autres, surtout l'Egypte, entre Algériens, entre ces derniers et leurs gouvernants soient régulées par le foot, continue de frapper. Le sens de la fête, du partage, l'ouverture sur le monde et les autres, la tolérance si rare dans les espaces public, politique, administratif, institutionnel est le grand absent, au profit d'une culture de l'exclusion, de la haine et d'un populisme dont on ne mesure pas encore les effets dévastateurs qui se manifestent partout en préparant des avenirs sombres. Les Algériens n'aiment pas les noirs, fussent-ils des compatriotes, et encore moins les asiatiques. C'est au tour des livres, des penseurs et des écrivains égyptiens d'être maudits, en vrac, en gros et au détail. La pensée progressive, les victimes de l'intégrisme parmi les élites d'Egypte sont assimilées aux vulgaires supporters du foot d'Egypte. Ces supporters qui sont parfaitement identiques, interchangeables avec les fanatiques d'Algérie qui "vivent et meurent" pour l'EN. Et voilà que l'EN perd à domicile et que "les gens du livre" en Algérie s'alignent sur l'inculte et dangereux fan du foot, parfait clone du hooligan de France, d'Allemagne, d'Angleterre ou d'Egypte. Ce n'est plus "la trahison des clercs" et encore moins l'attrait d'une commande publique de livres, d'une subvention pour monter un spectacle ou un film. En fait, il s'agit d'une domestication des esprits préjudiciable à court terme pour l'élite, le pouvoir, le gouvernement et le progrès dans ce pays. Dans dix ans, on se souviendra de Taha Hussein, de Amine Zaoui, de Merzak Allouache, Khaled Barkat, Y. Chahine mais sans doute pas du match Egypte - Algérie qui a permis l'embrigadement servile d'intellectuels dans les deux pays. Au moment où l'EN ne gagne pas à domicile, de nombreux écrivains, poètes, cinéastes, artistes et arpenteurs de l'imaginaire, perdent beaucoup de leur âme et dans cinq ou dix ans n'auront aucune circonstance atténuante et seront beaucoup moins riches qu'un douanier débutant mais corrompu. De très nombreux artistes et intellectuels nationaux, devant les désordres du monde, les inégalités sociales en Algérie et le dépérissement de la culture, réduite à des bilans d'activités qui font tourner des chanteurs, des festivals tantôt grands tantôt réduits, tantôt animés de velléités régionale, continentale et même internationale, sans avoir l'aura et la fréquentation des rencontres organisées au Maroc et en Tunisie, gardent un prudent silence. Ce dernier peut être de l'indifférence, un refus silencieux et ferme, une vaste lâcheté, l'attente au brut d'une longue liste, une allégeance non dite, une lassitude définitive? On saura peut-être un jour lorsqu'il n'y aura plus "d'anciens" et encore de jeunes aptes à recevoir un flambeau, un témoin, une pratique de lutte et de libre expression. Et voilà que sans l'Egypte, a domicile, l'EN perd. Qui va-t-on exclure de la communauté humaine pour mieux caresser dans le sens de la barbe, les rentiers de la libération et les drogués du ballon rond qui ne mouillent pas le maillot comme le font les athlètes de tous les pays. Les dirigeants de la JSK et le public en Kabylie ont montré le chemin à de nombreux clercs obscurs qui font mine de n'avoir ni entendu ni compris les propos du chef du clergé national qui refuse toute idée de pluralisme religieux au mépris absolu de la Constitution. Obama soutient le projet d'une mosquée qui fait débat à New York. La construction ou la rénovation d'une église ou d'une synagogue seraient-elles un jour une hypothèse, une simple virtualité en Algérie? Que non, puisque la cohabitation religieuse qui date de la révélation des trois religions envoyées par Dieu est la Yadjouz selon un ministre de la République. De nombreux clercs obscurs dans ce pays observent un profond silence devant le courage d'Obama, la chasse à l'écriture égyptienne, l'interdiction du pluralisme religieux, l'éventuelle interdiction du hidjab en milieu hospitalier, les turpitudes d'un dictateur sénile (Mugabe), la suspension de toute convivialité durant le ramadhan etc. Mais alors, à quoi pensent et rêvent de nombreux clercs de plus en plus aphasiques et obscurs? Dans un, cinq ou dix ans qu'auront-ils transmis à des jeunes qui voyaient en eux des phares, des esprits capables de prendre la colère, de crier des indignations, d'écrire de pétitionner pour on contre, de répandre du courage et de l'esprit critique. Et voilà que l'EN perd à domicile! Mais dans un, dix ou 15 mois les dirigeants algériens et égyptiens seront réconciliés et que les grandes nations de foot prépareront la prochaine coupe du monde, avec ou sans l'EN et l'Egypte. Que diront alors les clercs obscurs, les gens du livre recrutés parmi les voyous du foot également répartis dans tous les pays. De telles connivences consanguines, véritables clonages culturel et idéologique sont de parfaites tombes pour les libertés, la tolérance et tous les pluralismes qui font les grandes nations. Sus à l'Egypte, en attendant de se trouver d'autres ennemis internes, externes, d'autres atteintes aux intérêts supérieurs de