La classe politique algérienne ne veut pas mélanger la chose sportive et les relations politiques entre Etats. Non. Les partis politiques algériens ne souhaitent pas la rupture des relations diplomatiques avec l'Egypte. Hormis le FNA de Moussa Touati, les autres partis, contactés par L'Expression, ne veulent pas mélanger les torchons et les serviettes. Pour ces derniers, un match de football doit rester dans son cadre sportif, tandis que les relations politiques entre les deux pays, dépassent une rencontre de 90 minutes. C'est l'idée défendue par le FLN. Saïd Bouhadja, porte-parole du Front de libération nationale, a estimé que les attaques égyptiennes contre tout ce qui est algérien «ne proviennent pas de l'Egypte officielle». «Un match de football ne peut déterminer les relations politiques d'un Etat. Chaque chose à sa place. Le foot reste le foot, mais la politique c'est plus important que le foot», a déclaré, M.Bouhadja. Et d'ajouter: «Certes, il a y une certaine contradiction dans les déclarations anti-Algérie. Ce sont les deux fils du président Moubarak qui ont mené cette campagne, mais ils ne représentent, réellement, pas l'Egypte officielle.» Le porte-parole du FLN explique que la campagne médiatique égyptienne contre l'Algérie est destinée à la consommation interne. «La campagne menée par les télévisions égyptiennes est destinée à régler les problèmes égypto-égyptiens. Juste pour calmer le peuple égyptien. Le pouvoir en place a misé sur une victoire pour concrétiser son agenda politique, mais il a échoué. C'est un coup dur qu'il n'arrive pas à digérer», a-t-il expliqué. Le RND, parti du Premier ministre Ahmed Ouyahia, estime de son côté que «l'Algérie construit ses relations sur des bases solides. Il faut bien séparer la chose sportive et la politique», a déclaré Abdessalem Bouchouareb, membre du bureau national du parti. Et d'ajouter: «Le peuple algérien se fait respecter à travers le monde. La Révolution algérienne est universelle. Ce n'est pas une déclaration de presse qui peut remettre en cause les symboles de l'Algérie.» Même discours au MSP de Bouguerra Soltani. «Le MSP ne s'est jamais inscrit dans la ligne de ceux qui demandent la rupture des relations avec les pays avec lesquels nous avons des relations historiques et économiques», a répondu Abderahmane Saïdi, président du conseil consultatif du MSP. Et de préciser que cette question relève des Affaires étrangères et du président de la République, seul habilité à se prononcer sur cette question. «Nous dénonçons fermement cette campagne menée par la presse égyptienne visant à diaboliser l'image de l'Algérie.» M.Djoudi, porte-parole du Parti des travailleurs, de Louisa Hanoune, estime que son parti ne souhaite pas une telle démarche. «Les déclarations des journalistes égyptiens n'engagent que ces derniers. Elles ne sont pas celles de tous les Egyptiens ni celles de l'Egypte en tant qu'Etat. Je pense qu'on ne doit pas se rabaisser à ces déclarations des chaînes de télévision», a préconisé M.Djoudi. Des avis que ne partage pas le FNA de Moussa Touati, qui demande la rupture des relations avec l'Egypte. «Nous étions les premiers à demander la rupture des relations avec l'Egypte. Nous maintenons notre demande», a déclaré M.Touati hier à L'Expression. Et de s'interroger: «A quoi bon entretenir des relations avec un pays qui continue à porter atteinte à notre révolution, à nos martyrs et aux symboles de notre pays?». Bref, on maintient les relations diplomatiques avec l'Egypte. Mais que faut-il faire devant cette campagne médiatique égyptienne contre l'Algérie? Les avis sont divers. Les partis politiques sont divisés. Le FLN de Abdelaziz Belkhadem demande des poursuites judiciaires. «Il est impératif de porter plainte auprès des instances juridiques internationales, à l'image de la Ligue arabe et la Cour pénale internationale», a souhaité M.Bouhadja. Et de souligner: «Cette campagne ne doit pas passer sous silence». Au RND, «nous soutenons toutes les actions que prendra notre Etat» sur cette question. M.Bouchouareb précise que «le peuple est libre d'agir comme il le souhaite». Pour M.Saïdi, l'Algérie peut dénoncer cette campagne au sein de la Ligue arabe ou l'Union africaine. Et de préciser que l'Egypte «doit s'excuser officiellement pour avoir porté atteinte à la dignité des Algériens». Sur ce point, le PT, de l'avis de M.Djoudi, estime que la position de «mépris» adoptée par l'Algérie est la meilleure réponse. «L'Etat algérien est sage. On ne doit pas se rabaisser au niveau des insultes égyptiennes», a-t-il conclu.