Les émiratis EIIC et Emiral sont toujours là malgré des annonces répétées de «départ définitif» d'Algérie. Les projets Dounya Parc et le projet Moretti seraient relancés, notamment le premier, après l'aval du Conseil national d'investissement. Initiés avant le changement de législation, les projets échapperaient à la règle des 51/49%. Raison de plus pour les Emiratis de ne pas renoncer. Lors de sa réunion ordinaire, la semaine dernière, le Conseil National de l'Investissement (CNI) a notamment approuvé des projets dont deux projets des groupes émiratis EIIC et Emiral, a-t-on appris de source informée. Le premier concerne la relance du projet de «Dounya Parc» et second concernerait le projet touristique «Moretti». Aucun communiqué officiel n'a encore sanctionné cette réunion présidée par le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Selon les informations qui ont filtré, le projet du fonds d'investissement émirati «EIIC» à l'Ouest d'Alger, entre Delly Ibrahim et Bouchaoui, est relancé. En stand-by depuis plus de trois ans, ce dossier paraissait sans issue. Peu de temps avant le remaniement du gouvernement au mois de mai dernier, le ministère en charge de ce dossier avait renoncé au suivi de sa réalisation qu'il devait confier à une société spécialisée dans le management des grands projets. Celle-ci devait notamment «contrôler le suivi des travaux issus des études, leur planification, leur réalisation dans les règles de l'art, leur réception ainsi que la mise en exploitation des différentes activités du projet». Sur le site électronique d'EIIC, Dounya Park continue de figurer parmi les projets en cours de développement. Sur le terrain, les choses n'ont pas évolué. Les quelques arbres plantés, dont une partie a été importée, n'ont pas poussé. L'un des facteurs de blocage du projet résidait dans l'existence d'un contentieux foncier. Des personnes privées, propriétaires de superficie mitoyennes de l'assiette «programmée» pour «Dounya Parc Alger» refusaient de céder leurs biens, pour diverses raisons. L'assiette officiellement retenue est estimée à près de 800 ha dont 630 pour le parc «paysager» avec des «équipements de loisirs culturels, ludiques et sportifs» ainsi que d'un «district métropolitain de 170 ha». Ce qui veut dire en termes simples, un ensemble immobilier de 1 000 lits sur ces 170 ha, selon le projet initial. Le contentieux foncier aurait été réglé. C'est ce qui aurait entraîné le réexamen de ce projet d'investissement estimé à environ 5 milliards de dollars. On ne sait pas si la partie promotion immobilière a été maintenue dans les mêmes proportions, si elle a été agrandie ou abandonnée pour lui conserver le cachet écologique initial du parc. Selon des sources informées, «sans la promotion immobilière il n'aurait pas intéressé ses promoteurs à la recherche de la rentabilité financière». Rentabilité L'aspect rentabilité est évident pour le projet «Moretti» porté par «Emiral», société émirato-algérienne dont le dossier a été examiné par la dernière session du CNI. Là aussi, on attend de savoir officiellement ce qui aurait changé par rapport au projet initial. Après avoir «maturé» pendant environ deux années, on sait qu'Emiral a finalement obtenu une assiette foncière au sein de l'ex-complexe touristique de Moretti, prolongée au sud-est dans la forêt de Sid Fredj. En mars dernier, la société émiratie avait déjà pris possession de la partie Ouest du complexe de Moretti, incluant l'ancien hôtel «El Minzah», conçu au début des années 60 par l'architecte Fernand Pouillon. Cet hôtel a été détruit et les nouveaux propriétaires ont fait table rase de cette partie de Moretti pour y construire un nouvel hôtel de luxe. En face, sur ce qui était une portion de la forêt de Sid Fredj, là où se trouvait le complexe artistique «Zriba» décoré par l'artiste Mahiddine Bentir, ils ont également engagé des travaux h24. Il semble qu'au départ l'assiette dégagée ait été jugée insuffisante pour y construire notamment l'hôtel de luxe, une polyclinique, un centre commercial, des bureaux et des appartements, en tout 2 004 lits. L'assiette globale dégagée finalement est estimée à plus de 9 hectares, pour un prix de cession étatique au m² qui serait de 12 000 dinars. Les appartements de grand standing incluant diverses commodités, avaient été proposés entre 400 000 DA et 440 000DA le m². Il y a des mois maintenant, l'information avait circulé selon laquelle il y avait déjà eu des ventes sur plans de ces luxueux appartements. Sans la contrainte du 51/49% Interrogé à ce propos par El Watan, le président du Conseil d'administration d'Emiral, le Libanais Mustafa Kojok avait notamment affirmé, au sujet de l'annonce publique de leur promotion immobilière, qu'elle «avait pour but d'obtenir des données statistiques et n'avait pas de but commercial». Il indiquait en même temps qu'il a été demandé aux postulants d'ouvrir un compte bancaire avec un montant d'au moins 3 millions DA dans le but «d'être sûr du sérieux et de l'engagement des gens, mais nous n'avons exigé de payer aucune somme à l'entreprise». Depuis lors, Emiral n'a plus communiqué avec le public. L'adresse de cet investisseur, très patient et très discret, est inchangée, c'est le bâtiment de la réception de la résidence d'Etat Le Sahel et un site Internet (www.emrial.net), presque vide. La relance de ces projets permettrait de donner un peu plus de «couleur» à un bilan des investissements étranger direct très terne et qui n'a été sauvé que par l'obligation légale faite aux banques et établissements financiers d'augmenter leur capital social. Initiés avant les changements de législation, les projets émiratis échappent à la règle du 51/49% du partage du capital entre actionnaires algériens et étrangers. C'est, estime un spécialiste, une excellente raison pour les Emiratis de ne pas renoncer à leurs projets.