L'Algérie, qui a plaidé à l'ONU pour le refus par les Etats du paiement de rançons aux groupes terroristes en contrepartie de la libération d'otages, a obtenu une demi-victoire. Elle a en effet réussi à faire partager au Conseil de sécurité sa préoccupation sur la «grave menace que fait peser sur la sécurité internationale le phénomène de prises d'otages par les groupes terroristes, suivi de demandes de rançons et d'élargissement de terroristes en contrepartie de la libération d'otages». Elle n'a pu par contre obtenir de lui que soient mises en place des procédures de rappel à l'ordre contre les Etats qui se plient aux exigences des terroristes. Le Conseil de sécurité s'est juste contenté de réaffirmer l'obligation «faite aux Etats de prévenir et de réprimer le financement d'actes terroristes et d'ériger en infraction la fourniture ou la collecte délibérée par leurs nationaux ou sur leur territoire, par quelque moyen que ce soit, directement ou indirectement, de fonds que l'on prévoit d'utiliser ou dont on sait qu'ils seront utilisés pour perpétrer des actes terroristes». Mais il s'est gardé de condamner le recours au paiement de rançons par les Etats eux-mêmes, qui est également source de financement du terrorisme international. L'Algérie ne pouvait avoir gain de cause sur ce sujet, vu la présence au sein du Conseil de sécurité d'Etats ayant accepté de verser des rançons en échange de la libération de leurs ressortissant pris en otage, ou ne veulent pas que leur en soit interdite la possibilité éventuellement. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité, la France a dû certainement être à la manœuvre pour qu'il ne soit pas tenu compte de la proposition algérienne. Et pour cause, Paris était dans le même temps en quête de contacts avec les ravisseurs de ses ressortissants pris en otage au Sahel, qui ne manqueront pas de lui formuler l'exigence d'une rançon. En ne dénonçant pas formellement les Etats qui s'adonnent au paiement de rançons, le Conseil de sécurité fait montre de tolérance coupable à l'égard d'opérations qui, comme l'a affirmé le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères du Royaume-Uni, William Hague, «non seulement permettent le financement du terrorisme, mais encouragent aussi davantage les prises d'otages». Tolérance que la France opposera certainement aux remontrances algériennes qui ne manqueront pas de s'élever au cas très probable où elle versera une rançon financière au groupe terroriste Aqmi qui détient ses ressortissants au Nord Mali. Sous la pression de la France essentiellement, le Conseil de sécurité n'a donc pas retenu la proposition algérienne de mise en place de procédures contraignantes pour les Etats qui ne respecteraient pas leurs engagements. Il y a par conséquent de l'hypocrisie et de l'inconséquence dans son attitude qui consiste à demander à ces Etats de «prévenir et de réprimer» le financement d'actes terroristes par leurs nationaux, alors qu'eux-mêmes le font sous prétexte de la sauvegarde de la vie de leurs ressortissants pris en otage au Sahel ou ailleurs. Les pays, dont la France, qui n'ont pas voulu prendre en compte la proposition algérienne, ne font qu'encourager les groupes terroristes à persévérer dans leurs activités criminelles. Certains d'entre eux, a déclaré le représentant algérien, «obéissent à la seule sécurité de leurs ressortissants, sachant l'usage que fait le terrorisme des rançons récoltées pour le financement d'activités criminelles, notamment en termes d'acquisition d'armements, de capacités de recrutement et de moyens logistiques sophistiqués».