Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, mais aussi ministre d'Etat, ministre conseiller du chef de l'Etat, fait preuve depuis quelque temps d'un intrigant effacement du devant de la scène. En tant que responsable partisan, ses activités se réduisent à l'animation de rares et anodines réunions organiques au siège central du parti. Il est encore plus discret sous sa casquette de ministre conseiller, n'ayant pas été depuis un bon moment appelé à assumer de mission de représentation du chef de l'Etat tant dans le pays qu'à l'étranger. L'effacement de Belkhadem ne prêterait pas à spéculation si, dans le même temps, la formation qu'il dirige n'était pas secouée par un vent de fronde qui affecte concomitamment de nombreuses mouhafadas et kasmas. Faut-il pour autant voir un lien entre l'attitude effacée du secrétaire général du FLN et le mouvement de contestation qui se développe dans les rangs de sa formation ? Probablement, car celui-ci a pour cible Belkhadem en personne, qui est attaqué directement par des instigateurs sur ses méthodes de gestion du parti. Il y a là les prémices d'une opération de «redressement» en développement. Des protagonistes l'ont déclenché en sachant apparemment que Belkhadem ne bénéficierait plus du parapluie protecteur qui lui avait permis de conforter son autorité sur le FLN suite au dernier congrès. Il n'est pas banal en effet que l'un des porte-parole de la contestation contre Belkhadem soit un ministre FLN, El-Hadi Khaldi en l'occurrence. D'autant que cette personnalité est réputée pour avoir d'étroites relations avec le premier cercle de l'entourage présidentiel. Ce à quoi s'ajoute la rumeur distillant que Abdelkader Hadjar a déserté son poste d'ambassadeur au Caire pour apporter sa contribution aux «redresseurs» anti-Belkhadem. Des indices donc qui prêtent à penser que ce qui se passe présentement au sein du FLN va au-delà des simples dissensions dont il est le théâtre à l'approche de chaque échéance électorale. Il y aurait de la déstabilisation de Belkhadem dans l'air voulue et orchestrée par un cercle du pouvoir qui serait parvenu à semer la méfiance à son encontre dans l'entourage présidentiel, voire chez Bouteflika, qui est, rappelons-le, président «d'honneur» du FLN. Ce qui expliquerait que Belkhadem fasse preuve de son étonnante apathie, alors que la fronde se développe au FLN et qu'il en est la cible directe. Après Alger puis El-Oued, la contestation s'est étendue à Oran, Mascara et dans l'est du pays. Déterminés, ses instigateurs vont jusqu'à user de la violence physique contre leurs opposants. Ce qui rappelle les péripéties vécues lors de l'opération de «redressement» qui a mené à l'éviction de Ali Benflis du secrétariat général du FLN. Celle en cours ira-t-elle jusqu'au même but contre Belkhadem ? Le silence de ce dernier et son inertie donnent à penser que lui-même en est convaincu et semble en avoir pris son parti. Ce qui est sûr est que le discrédit dont est frappé le FLN se renforce au vu du lamentable spectacle que ses instances donnent à voir aux citoyens.