Sa désignation a été surprenante pour les observateurs qui s'attendaient à la nomination d'un technocrate. Liesse hier, au siège du FLN à Hydra. Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du parti, a été officiellement nommé à la tête de la chefferie du gouvernement. Il affirme rester secrétaire général du parti. Sa nomination à la tête de l'Exécutif met fin aux supputations politiques et au conflit qui l'oppose, depuis presque deux ans, à Ahmed Ouyahia, le désormais ex- chef de gouvernement. C'est également la fin d'une crise politique qui a failli paralyser toute l'activité d'un gouvernement chargé d'exécuter l'un des plus ambitieux programmes de l'Algérie indépendante. L'arrivée de M.Belkhadem à la tête de l'Exécutif sera accompagnée d'un léger lifting de l'équipe gouvernementale. Selon des sources proches du parti majoritaire, ce changement sera en effet l'occasion pour deux walis, au moins, d'être promus ministres de la République. Il s'agirait, entre autres, du wali de Tizi-Ouzou, M.Ouadah. En plus de ces nouvelles promotions, la même source ajoute que des permutations auront lieu au sein de l'équipe qui sera drivée par le secrétaire général du FLN. On indique par ailleurs, que la liste du nouveau gouvernement est déjà fin prête et elle sera rendue publique au plus tard lundi prochain. «Le Président de la République m'a chargé de former la nouvelle équipe gouvernementale qui sera connue sous peu et ce, au terme des consultations que j'entamerai dès cet après-midi en espérant les faire aboutir le plus vite possible» a précisé hier le nouveau chef du gouvernement. Cela étant, la désignation de Abdelaziz Belkhadem à la tête du gouvernement a été quelque peu surprenante. Les observateurs, et surtout les animateurs de la scène politique, s'attendaient plutôt à la désignation d'un technocrate ou tout au moins d'un responsable apolitique et non partisan, qui aurait surtout été chargé de préparer les prochains rendez-vous électoraux, de conduire les réformes et surtout de concrétiser, sur le terrain, le programme du président. Cette revendication a été exprimée par Bouguerra Soltani du MSP, par Louisa Hanoune du PT et par Abdellah Djaballah du MRN. Abdelaziz Belkhadem lui-même a revendiqué le départ de Ouyahia au prétexte d'assurer la neutralité lors des prochaines législatives de 2007. Cela étant, avec la nomination de M.Belkhadem à la tête du gouvernement, les militants du FLN doivent jubiler maintenant que leur parti contrôle pratiquement toutes les institutions du pays. La présidence de la République puisque M.Bouteflika est le président d'honneur du FLN, l'APN conduite par Ammar Saâdani, un animateur du mouvement de redressement, la chefferie du gouvernement tant revendiquée par les militants du parti. S'agissant de la présidence du Conseil de la nation, des officiels du FLN affirment clairement que Abdelkader Bensalah est toujours militant du FLN «même s'il travaille sous les couleurs du RND». Et puis, le nouveau chef du gouvernement a eu à se prononcer sur cette institution: Belkhadem juge que la deuxième chambre du Parlement n'a plus sa raison d'exister. «Patientez, patientez, chaque chose en son temps». Cette phrase a été prononcée jeudi le 15 septembre 2005 à la Coupole du complexe Mohamed-Boudiaf, par le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem. Avec une certitude désarmante, il a rassuré les voix qui scandaient en choeur: «houkouma ! houkouma!» pour exiger que le poste de chef de gouvernement revienne au FLN. Ce jour-là, Belkhadem a officiellement scellé le sort de Ahmed Ouyahia. L'offensive a commencé dès le début de l'année 2005 pour aller crescendo et sans le moindre répit. Au début c'était la révision constitutionnelle. Puis, l'installation au sein du FLN d'une commission chargée d'élaborer un projet de Constitution. L'assaut s'accélère et le FLN installe d'autres commissions qualifiées de «gouvernement parallèle». Mais c'est au sujet des augmentations salariales que M.Belkhadem a publiquement décoché ses flèches de parte en plaidant l'augmentation des salaires de la Fonction publique, contrairement à Ahmed Ouyahia qui affirmait que cette revendication «n'est pas légitime». Quelques semaines plus tard, il porte l'estocade et affirme soutenir un troisième mandat pour le président Bouteflika. A la suite de quoi Ahmed Ouyahia jette l'éponge.