«Les cartes sont entre nos mains, nous négocierons avec Djezzy», a affirmé M.Djoudi devant la commission parlementaire des finances, jeudi dernier. L'affaire Djezzy n'en finit pas de surprendre l'opinion publique par ses rebondissements inattendus. De source sûre, L'Expression a appris hier, qu'une voix officielle algérienne réagira dans les toutes prochaines heures sur ce qu'il convient d'appeler désormais l'affaire Djezzy. «Le dossier de cette société de droit algérien sera traité en toute sérénité car c'est une question de souveraineté. L'Algérie ne subira aucune pression médiatique ou autre chantage politique», souligne notre source précisant que «le dossier Djezzy sera clos dès que les problèmes qu'a cette entreprise avec le fic seront totalement apurés». Depuis la visite du président russe Dmitri Medvedev, mercredi dernier à Alger, la donne a changé. Ce n'est plus l'opérateur égyptien Sawiris qui est à l'avant-garde, mais plutôt les Russes qui montent au front. Alexander Izosimov, le nouveau propriétaire d'Orascom Telecom, s'impose comme le seul négociateur. Dans une interview au Financial Times, le patron de VimpelCom a haussé le ton envers l'Algérie. Pour lui, même si le gouvernement algérien insistait sur la reprise de Djezzy, l'accord conclu avec Weather Investments du milliardaire Naguib Sawiris ne serait pas remis en cause. Plus grave encore, il a adopté un langage menaçant envers le gouvernement algérien. L'homme d'affaires russe n'exclut pas d'ester en justice le gouvernement algérien au cas où il décide de nationaliser l'entreprise Djezzy. «Si le gouvernement algérien effectue des mouvements ou extrait des actifs - nationaliser et autres -, nous essayerons de défendre nos intérêts», a précisé M.Izosimov. Il s'est dit optimiste quant à voir le gouvernement algérien payer un juste prix pour acquérir Djezzy ou permettre au groupe russe de gérer la filiale algérienne. Il a également évoqué une solution de compromis, permettant au gouvernement algérien de prendre une participation dans Djezzy. L'homme d'affaires russe a révélé, dans le même journal, qu'il avait rencontré le ministre algérien des Finances avec qui il aurait évoqué le sujet de Djezzy. «Mon sentiment est qu'il y a une volonté de trouver une solution amiable à tout cela», a affirmé M.Izosimov. Pour sa part, Karim Djoudi donne une autre version. Questionné sur ce sujet au lendemain de la visite du président russe, le ministre des Finances a été catégorique: «Les cartes sont entre nos mains, nous négocierons avec Djezzy.» Voilà qui confirme même qu'une véritable bataille se mène dans les coulisses entre l'Algérie et la Russie. Ce dossier a fait l'objet de larges discussions lors du tête-à-tête Bouteflika-Medvedev. Pourquoi ce chantage? Le marché des télécoms semble être plus juteux et porteur pour les Russes que celui des Migs. La somme de 7,8 milliards de dollars fixée par Alexander Izosimov va peser lourd sur les négociations. Le nouveau patron du groupe Orascom Telecom a non seulement placé la barre très haut mais il fait pression sur le gouvernement algérien pour renoncer à une reprise totale de Djezzy. Il faut reconnaître que ce dossier fait l'objet de tirs croisés des deux parties. La Banque d'Algérie a exigé récemment de l'opérateur de téléphonie mobile «Djezzy», le paiement d'une amende de 193 millions de dollars. Cette affaire qui a éclaté au lendemain de la rencontre sportive opposant l'Equipe nationale à celle d'Egypte, a pris une tournure très grave. Suite à un redressement fiscal, l'opérateur égyptien a tenté de vendre ses actions à l'opérateur sud-africain. Une décision qui a soulevé l'ire du gouvernement algérien, lequel a réagi en force pour arrêter ce marché. Depuis, le gouvernement est entré dans une bataille médiatique et politique qui se complique et le scénario n'est pas encore parvenu à son terme...