Drapée dans une djellaba bariolée et la tête recouverte d'un foulard, l'accusée, K.B.A.Y., âgée de 29 ans, s'avance à la barre d'un pas hésitant. Elle devait répondre devant le tribunal correctionnel d'Aïn El-Turck du principal chef d'accusation de conduite en état d'ivresse. La prévenue a également été à l'origine d'un accident corporel. La jeune femme est furtivement toisée par le regard noir de sa victime, T.H., 30 ans, qui venait de s'affaler sur une chaise offerte par un policier chargé de la sécurité du tribunal. «Je reconnais que j'étais en état d'ivresse le soir de l'accident», dit-elle d'une voix à peine audible en donnant ainsi l'impression d'être résignée à son sort. «J'ai vainement tenté de l'éviter. Il était au beau milieu de la chaussée avec deux autres individus», a ajouté la prévenue. Selon les débats ayant caractérisé, hier, l'audience du tribunal correctionnel d'Aïn El-Turck, dans la nuit du 30 octobre dernier, aux environs de 2 heures du matin, au volant de son 4x4 de marque Toyota Térios, l'accusée en état d'ébriété a fauché T.Houari, sur une route à hauteur du village côtier de Bouiseville. La victime a été aussitôt évacuée par deux personnes qui étaient en sa compagnie vers le service des urgences de l'hôpital d'Aïn El-Turck. Un certificat médical d'une incapacité de travail d'une durée de 16 jours lui a été délivré par le médecin auscultant. Il a été sérieusement blessé au niveau de la jambe. «Je lui pardonne», déclare T.H. «Vous ne demandez donc pas des dédommagements ?», interroge le président. Vraisemblablement surprise et mal à l'aise, la victime se trémousse dans sa chaise en triturant sa canne, avant d'exhiber son bras ecchymosé. «Je n'ai pas les moyens financiers pour me soigner». Le représentant du ministère public a requis une peine d'une année de prison ferme à l'encontre de l'accusée. L'avocat de la défense a mis en évidence «le fait que sa mandante n'était pas entièrement responsable de l'accident du moment que la victime s'est subitement ruée sur la chaussée sans prendre les précautions d'usage». Le défenseur a conclu sa plaidoirie en demandant l'acquittement en faveur de sa mandante. Après délibérations, l'accusée a été condamnée à une année de prison avec sursis et 8.000 DA de dommages et intérêts, ainsi que 50.000 DA d'amende.