« Droite dans ses bottes» concernant le principe que la lutte antiterroriste au Sahel est l'affaire des seuls pays de la région, l'Algérie a décliné l'invitation à participer à Bamako à la réunion du groupe d'action antiterroriste des pays du G8. Réunion qui s'est ouverte hier, regroupant les experts de pays du G8 - Etats-Unis, Russie. Japon, Canada, France, Grande-Bretagne, Italie, Allemagne - ainsi que l'Union européenne, la Suisse, l'Espagne et l'Australie, en présence d'homologues du Maroc, de la Mauritanie, du Niger, du Burkina Faso et du Nigeria. Parmi les questions à l'ordre du jour de cette réunion, qui s'achèvera aujourd'hui, figurent celles du contrôle des frontières et du rôle que doivent jouer dans la lutte antiterroriste l'Union africaine et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Pour rappel, le groupe d'action antiterroriste des pays du G8 a été créé sous la présidence française du G8 en 2003. L'objectif avoué de la rencontre, à en croire des sources officielles maliennes, hôtes de l'évènement, serait de «faire progresser une prise de conscience sur la nécessité de renforcer et de coordonner la lutte antiterroriste dans les pays de la bande sahélo-saharienne». Fallait-il tout cet aréopage réuni à Bamako pour que les pays de la région concernés par le problème se fassent à cette conscience ? Les multiples réunions qui les ont regroupés à Alger et à Tamanrasset à différents niveaux ont semblé pourtant découler de leur prise de conscience qu'il fallait constituer un front régional antiterroriste. S'il y a nécessité de faire progresser la prise de conscience de certains pays de la région sur ce problème dans le respect de leur souveraineté nationale, d'autres rencontres du style d'Alger et de Tamanrasset sont plus indiquées. C'est en tout cas le point de vue de l'Algérie, qui a décliné sa participation à cette rencontre, qui enregistre des présences dont la qualité est problématique. Pourquoi en effet le G8 a joint à ses représentants ceux de la Suisse, de l'Espagne, de l'Australie et du Maroc ? Des pays qui, à ce que l'on sache, ne font ni partie du G8 ni ne sont frontaliers ou appartenant au Sahel. Déjà que l'Algérie conteste fondamentalement toute intervention étrangère dans la prise en charge de la lutte antiterroriste au Sahel, fût-ce sous couvert du G8, elle ne pouvait que marquer son refus de prendre part au débat de la rencontre de Bamako, élargie à des pays dont la participation est révélatrice de desseins qui n'ont rien à voir avec la problématique de la lutte antiterroriste. D'autres enjeux que la lutte antiterroriste se profilent derrière la rencontre de Bamako. Ils sont d'ordre économique ou politique, à considérer les pays hors région qui y participent. Apparemment, l'Algérie se retrouve isolée sur la question du Sahel. Tous ses voisins sahéliens ont répondu présent au G8. Mais de quelle efficacité seront les préconisations que fera l'aréopage d'experts réunis à Bamako si notre pays refuse de les prendre en compte ? Surtout si elles doivent déboucher sur ce que l'Algérie estime être la pire des perspectives, à savoir une intervention directe dans la région de puissances qui lui sont étrangères. C'est pourtant bien ce que des Etats participant à cette réunion de Bamako espèrent obtenir, quitte à précipiter le Sahel dans le chaos. Le G8 aurait fait preuve d'une meilleure sollicitude pour le Sahel en aidant d'abord ses pays à faire face à la crise alimentaire dont leurs populations sont victimes et menacées d'une famine à grande échelle.