Le Premier ministre Ahmed Ouyahia fera, aujourd'hui jeudi, lecture devant l'Assemblée populaire nationale de la déclaration de politique générale du gouvernement. Cette déclaration comporte un volet-bilan de l'action gouvernementale durant les 18 mois écoulés, depuis qu'Ouyahia est en charge de sa coordination, et un autre brossant celle que le gouvernement entend entreprendre pour concrétiser le programme présidentiel, dont le plan quinquennal est la quintessence. Dans les grandes lignes, ce que dira Ouyahia concernant l'action gouvernementale ne réserve aucune surprise. Le bilan qu'il dressera de l'action passée de l'exécutif sera bien entendu donné pour globalement positif, même s'il a fallu consacrer l'exorbitante enveloppe de 130 milliards de dollars dans celle du plan quinquennal 2010-2011 pour «rattraper» les retards et autres ratages enregistrés dans l'exécution du précédent plan. Pour ce qui est des projections qu'elle fera entrevoir comme devant se réaliser avec la mise en œuvre du plan d'investissement 2010-2014, la veine déclamatoire du Premier ministre sera tout aussi optimiste et bardée de certitude. La déclaration de politique générale du gouvernement sera néanmoins à suivre car elle va offrir l'occasion à Ouyahia de s'expliquer sur la nouvelle orientation que Bouteflika et lui-même ont décidé d'imprimer à la doctrine économique du pays qualifiée de «patriotique». Ce tournant, s'il a été salué par certains, a fait néanmoins converger contre lui des critiques acerbes, tant au plan national qu'à celui international, aux motifs qu'il est un retour à l'étatisme dans la sphère économique et à la bureaucratie tatillonne, tous deux antinomiques avec la liberté d'entreprendre qui est le fondement du libéralisme économique, dont les autorités du pays prétendent toujours respecter la règle du jeu. Pour préparer le terrain au discours blindé de certitudes que Ouyahia développera à l'APN, le directeur général de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, s'est chargé, mercredi, de la présentation aux députés du rapport annuel de son institution sur l'évolution économique et monétaire de l'Algérie au premier semestre 2010. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a aligné des chiffres et tiré des conclusions, dont la prise en compte rendra, pour ceux qui les apprécieront en tant que véridiques, certain et crédible ce que le Premier ministre dira. Laksaci a en effet affirmé que «les indicateurs macro-financiers de l'Algérie se sont relativement consolidés en dépit des incidences du choc externe de la crise économique mondiale», affirmation qui lui a fait conclure que «la stabilité financière permettra de poursuivre le programme d'investissements publics à la faveur de la consolidation des réserves du Trésor. L'ensemble des indicateurs fournis aux députés par le gouverneur de la Banque centrale fait apparaître une situation économique et financière du pays qui, à l'en croire, contredit les analyses pessimistes qu'elle suscite chez maints spécialistes et experts de la chose économique et financière. Ouyahia, qui a été très peu présent sur la scène médiatique depuis son retour à la primature, ne se privera certainement pas de faire incursion dans le domaine de la politique, où là aussi les inquiétudes ont donné lieu à des lectures de la situation qu'il se chargera, à n'en point douter, d'en réfuter le bien-fondé. Le savoir-faire de l'intéressé en la matière est grand. Il y a que les Algériens ne se satisfont plus du savoir-faire et ne font foi qu'à ce qu'ils constatent sur le terrain.