Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) a vivement réagi contre ce qu'il a qualifié de «tentative d'instrumentalisation tendancieuse» des questions liées à l'Islam et aux musulmans de France, suite aux dernières menaces de Oussama Ben Laden. La réaction du CFCM ne s'est pas faite attendre, puisque le jour même de la diffusion d'un message sonore du N°1 d'El Qaïda adressé aux autorités françaises sur la chaîne qatarie al-Jazeera, soit le mercredi 27 octobre, un communiqué a été rendu public, dans lequel le Conseil Français du Culte Musulman réaffirme sa «condamnation totale» à tout acte d'hostilité visant la nation ou les citoyens français. «Suite aux menaces terroristes contre la France, proférées, entre autres, au prétexte que la France a interdit le port du voile intégral, le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) s'élève contre toute tentative d'instrumentalisation tendancieuse des questions liées à l'Islam et aux musulmans,» lit-on dans le communiqué du CFCM. Ce dernier «considère que ces questions relèvent des affaires internes de la France et concernent en premier lieu les musulmans de France», qui vivent, a-t-il dit, «sereinement et paisiblement leur religion au sein de la République». Et d'ajouter : «Au nom des valeurs de l'Islam, religion de paix et du juste milieu, le CFCM réaffirme sa condamnation totale de tout acte d'hostilité visant notre Nation ou nos compatriotes d'où qu'il vienne». Les menaces de Ben Laden contre la France ont également fait réagir hier le président Nicolas Sarkozy à partir de Bruxelles où il participait à un sommet des dirigeants de l'Union Européenne. «La France ne se laissera dicter sa politique par personne et certainement pas par les terroristes», a répondu le chef de l'Etat, lors d'une conférence de presse animée à l'issue du sommet. «La loi sur la burqa a été votée et promulguée, la République française a clairement indiqué son choix. Elle ne souhaite pas que sur son territoire, les femmes puissent être enfermées, fussent derrière des pièces de textile», a-t-il indiqué. «C'est une décision de la République française», a-t-il insisté. Le Parlement français a, rappelle-t-on, définitivement voté le 14 septembre l'interdiction du port du voile islamique intégral dans l'espace public, une mesure qui sera effective au printemps 2011. Concernant les otages français M. Sarkozy a affirmé que «pas un jour ne se passe sans que nous travaillions à leur libération». «Je n'avais pas besoin des déclarations de M. Ben Laden pour être inquiet pour eux, comme pour tous les autres, sur le sort desquels nous travaillons», a-t-il martelé. Le président Sarkozy a également affirmé qu'il était «attentif aux consignes fermes de vigilance pour nos compatriotes qui se trouvent dans cette grande zone du Sahel». Ils «doivent respecter absolument les consignes de sécurité qui ont été données par le ministère des Affaires étrangères», a-t-il tenu à rappeler. Avant Sarkozy, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a déclaré mercredi que la menace terroriste en France est «réelle» et la «vigilance est totale». Hortefeux qui s'exprimait lors d'une audition à l'Assemblée nationale, en première réaction aux menaces de Ben Laden, a expliqué qu'«en l'état actuel de nos informations, ces déclarations ne font que justifier le maintien de notre réponse face à la menace terroriste», avec le plan de sécurité Vigipirate maintenu au niveau «rouge», dernier cran avant le niveau écarlate déclenché en cas de risque d'attentat imminent. Dans un message audio diffusé mercredi par la chaîne de télévision al-Jazira, le chef d'Al-Qaïda a affirmé que la France ne connaîtrait la sécurité que si elle se retirait d'Afghanistan et cessait «ses injustices» à l'égard des musulmans. Il a en outre justifié l'enlèvement de Français au Sahel et affirmé que les musulmans étaient «en droit» de riposter par la violence à l'interdiction du voile intégral en France.