La franchise commerciale avance à grands pas en Algérie à la faveur du lancement des grands centres commerciaux. Dans le lot, le luxe grandit plus vite. Vu les tarifs à l'entrée, tout le monde ne peut pas en être. Des milliardaires qui ont construit leur prospérité dans d'autres métiers ont choisi de venir sur ce créneau. Galerie de profils dans un nouveau paysage d'affaires où l'enjeu est de transformer les franchises commerciales en fabrications locales. Hakim Cherfaoui, du groupe Blanky a tenté d'oublier l'échec dans le développement de la chaîne de supermarchés Promy. Spécialiste du négoce, il est actionnaire dans la société Odyssée qui représente Z, du groupe Zannier, l'un des plus grands dans le monde dans la confection de vêtements pour enfants. Sa boutique au centre commerce et de loisirs de Bab Ezzouar ouvrira vers la mi- novembre. Issad Rebrab, le patron du plus grand groupe privé algérien, lui, a un programme plus ambitieux. Il veut développer une chaîne d'hypermarchés à l'enseigne locale Uno répartis à travers les grandes villes du pays. Après un premier, situé à Garidi, un second, plus important, a ouvert au centre commercial et de loisirs de Bab Ezzouar. Manel et Salim Benmiloud développent quatre franchises toutes présentes au sein de ce grand espace commercial à travers la société Mansel Distribution. Carré Blanc a déjà ouvert au sein de ce grand espace implanté dans le quartier d'affaires d'Alger. Les boutiques Alain Aflelou (lunettes), Geneviène Lethu et Guy Degrenne (Arts de la table) le seront avant la fin de l'année. Slim Othmani, le PDG de NCA, numéro 1 dans la production de jus en Algérie (Rouiba), est lui pour sa part partenaire de Lacoste. Il est actionnaire de la société Oméga qui distribue les produits de la grande marque en Algérie. Sa première boutique a ouvert au centre commercial et de loisirs de Baz Ezzouar. Un second point de vente est prévu à Oran. La société Playmode, détenu par de jeunes milliardaires algériens est actionnaire dans la société Oméga. Elle représente également les marques Nike et Geox. Une boutique Nike a déjà ouvert au centre commercial et de loisirs de Bab Ezzouar. Playmode compte déjà 19 boutiques implantées principalement dans la capitale. La famille Hasnaoui, connue pour distribuer Nissan en Algérie, est également présente à travers la marque Sony. Une demande montante pour les produits de marque Mais pourquoi ce nouveau penchant pour le commerce du luxe en Algérie ? Une demande existe. Elle est reflétée par l'émergence d'une classe moyenne à revenus élevés. Elle correspond en un mot aux cadres algériens employés dans les sociétés étrangères implantés en Algérie et/ou de grands privés locaux. Il y'a eu également une augmentation de revenus pour les hauts fonctionnaires et les cadres supérieurs de l'Etat. Cela pèse dans la balance. " Les Algériens sont à la recherche de qualité, de la traçabilité des produits. Ce n'est pas forcément destiné à des consommateurs riches. Des ménages sont prêts à se sacrifier pour leurs enfants, des articles de plus longue durée (que des produits bas de gamme) qui sont lavés et relavés et qui restent intacts pendant des années", explique Hind Benmiloud, avocate d'affaires et promotrice du développement de la franchise en Algérie. Le lieu d'implantation du centre commercial et de loisirs n'est pas fortuit. L'espace fait partie du futur quartier d'affaires de la capitale. Non loin du centre s'érigent déjà les sièges de la société française CMA CGM et d'Algérie Poste. Les travaux concernant le siège de Bnp Paribas ont démarré. C'est également le cas d'un complexe immobilier incluant des hôtels cinq étoiles. Un projet de groupe bahreini, La Trust, les hôtels Mercure et Ibis font partie également de l'environnement. Il s'agit là d'une clientèle potentielle à pouvoir d'achat élevé. Ces arguments ont sûrement influé dans la décision d'Ooxoo de s'implanter en Algérie via une boutique au centre commercial ouverte par la société Godache importation. Cette grande marque est présente dans cinq pays : quatre européens et, pour l'heure, seulement l'Algérie au Maghreb. Le pari du passage à la fabrication Tous ces facteurs ont favorisé la décision d'investir dans le créneau. Les chances de succès restent importantes. La notoriété des marques, le transfert de savoir-faire dans le commercial, en particulier le marketing vont jouer. " Les produits de marque étaient pendant longtemps absents du marché algérien. On enregistre un besoin de produits de grandes marques qui ne sont pas falsifiés. Cela crée de l'emploi, une valeur ajoutée (de gros bénéfices) pour les franchisés qui savent commercer ", observe Mustapha Nia, un distributeur de produits textiles. Mais la question est de savoir si cette propension pour le commerce des franchises va se muer en fabrications locales. Nous serions alors, avec la floraison des franchises, dans un scénario d'étape préindustrielle. Premier bémol, aucune marque algérienne issue d'une production locale ne figure dans ce lot de grandes enseignes. Le reflet reconnaissable d'une économie foncièrement rentière. L'autre enjeu, non des moindres, demeure de maintenir dans la durée la commercialisation de produits à 100% d'origine.