La réhabilitation de feu Salah Bouakouir m'a interpelé en tant que citoyen qui a relevé que le nom de l'intéressé était donné à l'une des plus prestigieuses artères de la capitale. Cependant, avec l'arrivée de Boudiaf, cette même artère a été débaptisée pour prendre le nom de Krim Belkacem, une grande figure de la Révolution du 1er Novembre 1954. Le fait de débaptiser une rue est un acte simple en soi. Mais les circonstances de cet acte simple, durant le laps de temps de Boudiaf, avant «l'acte isolé», avait pris une tournure laissant entendre que Salah Bouakouir, de par les fonctions qu'il occupait, ne pouvait être avec la Révolution et en même temps, jouir d'un prestigieux poste au sein de l'Administration coloniale. Loin de moi l'idée de polémiquer avec Salah Bouakouir ou sa famille. Cependant, si feu Bouakouir était ce que vous lui attribuez comme services rendus à la Révolution, pourquoi alors débaptiser l'avenue qui portait son nom, et toucher à son honneur. L'honneur, c'est comme du cristal, s'il est ébréché, il n'a plus le même éclat. Ou bien, ce qui n'étonnerait plus les Algériens, on va rentrer dans une ère de réhabilitation de personnes au passé douteux. Si c'est le cas, le temps est propice; à une manipulation près le peuple ne ressent plus la douleur car les grandes douleurs sont toujours muettes. C'est au militant que je m'adresse et non à Monsieur le ministre de l'Intérieur. Nous dire la vérité, c'est l'ultime devoir qui reste à la génération de Novembre. Nous dire la vérité en nous expliquant pourquoi, l'avenue a été débaptisée du temps de Boudiaf en 1992 et Salah Bouakouir réhabilité en 2010 ? Dans cette perspective, viendra le temps de débaptiser le complexe sportif d'Alger qui porte le nom de Boudiaf pour lui donner le nom de Boumaarafi. En ce qui me concerne, je me résigne à ruminer cette sentence d'Einstein qui dit : «Les amères leçons du passé doivent être apprises sans cesse», tout en me consolant de Voltaire pour qui : «Qui sert bien son pays, n'a pas besoin d'aïeux». Dont acte. Respectueusement.