Le Smig ne peut, dans le contexte économique national, assurer des salaires décents aux plus de 10 millions de travailleurs algériens, tous secteurs d'activité confondus. Avec un peu plus de 20.000 dinars, un simple employé d'une entreprise nationale ne peut décemment terminer ses fins de mois sans tomber dans le cycle infernal de l'endettement. L'inflation réelle en Algérie a atteint les 5% au troisième trimestre 2010, avec une quasi-flambée de l'indice des prix des produits alimentaires et agricoles en général. Pour les bas salaires, c'est devenu un véritable calvaire que d'aller faire son marché. Tous les produits du panier de la ménagère sont touchés par des hausses de prix parfois incompréhensibles, comme la pomme de terre, la salade, les carottes et les navets, des produits de saison. Avec les cultures sous serre, c'est pratiquement l'abondance des produits maraîchers, mais les prix flambent. Jusqu'à présent, ni le ministère de l'Agriculture, encore moins celui du Commerce, n'ont réussi à donner des explications logiques, valables et rassurantes aux citoyens. Il y en a même quelqu'un qui a dit une fois que «ce n'est pas moi qui fait mes courses ». Ce n'est pas tellement rassurant, de telles répliques qui dénotent en réalité l'extrême déphasage entre les citoyens, ceux qui vont au marché faire leurs courses et ceux qui n'y vont pas mais qui décident, souvent à leur place. En cette fin d'année 2010, les prix des produits agricoles devraient terminer l'année sur le même rythme qu'à ses débuts : une inflation de plus de 4%, sur fond de hausse quasi généralisée des produits du couffin de la ménagère. A fin octobre dernier, le rythme d'inflation annuel avait atteint 4,4%, en légère baisse par rapport à celui de septembre (4,6%), d'août (4,9%) et de juillet (5,1%). Une surchauffe qui en dit long sur l'extrême déséquilibre du commerce des produits agricoles, avec des hausses souvent astronomiques, même si elles sont conjoncturelles. Et pour les dix premiers mois de l'année, l'inflation était officiellement de 4,08%, officieusement de plus de 10%, selon des commerçants. A Alger et les grandes villes du pays, comme Oran, Annaba ou Constantine, les prix des produits agricoles sont souvent majorés d'au moins 2 à 2,5%, les commerçants comptabilisant les frais de transport notamment. Mais ces hausses de prix ne concernent pas uniquement les produits agricoles, puisque les autres produits alimentaires comme le sucre, le café, l'huile ou la farine sont déjà presque «intouchables». Ils le seront davantage en 2011, avec la hausse des cours des matières premières sur les marchés internationaux, selon des économistes. Et puis, il y a cette grande déception pour les petits salaires : les aliments de base de cette catégorie sociale, comme la pomme de terre, les lentilles, les haricots secs et les pois chiche, sont à des niveaux astronomiques, alors que l'huile est devenue un produit de luxe, avec plus de 600 dinars le bidon de 5 litres. C'est déprimant, mais c'est la réalité : l'économie algérienne ne sait plus quelle direction prendre. Car autant l'inflation est en hausse constante, avec une baisse alarmante du pouvoir d'achat, autant la croissance économique n'est pas tellement franche pour, selon des analystes, encourager des augmentations salariales. Et c'est le cycle infernal de la déprime économique : salaires bas, prix en hausse, consommation en baisse, épargne inexistante.