L'Algérie a décidé de ne pas payer 1,2 milliard de dollars au consortium japonais Cojaal, dont Kajima Corp, en charge de la partie orientale de l'autoroute Est-Ouest. La nouvelle a été rapportée par le site économique Bloomberg qui cite le journal japonais Asahi. Selon le journal qui cite une source non identifiée mais présentée comme connaissant la situation, le refus de paiement est motivé par la partie algérienne pour non-respect des clauses contractuelles. Le ministre des Affaires étrangères japonais, Seiji Maehara, qui était de passage à Alger où il a rencontré son homologue algérien, Mourad Medelci, a indiqué à l'Asahi que le problème allait être résolu rapidement. Le « chantier du siècle » de l'autoroute Est-Ouest a été réparti en en trois lots remportés, deux par un consortium chinois, CITIC-CRCC, et l'autre par le japonais Cojaal. Si les Japonais, contrairement aux Chinois, n'ont pas fait l'objet d'articles à scandales sur de présumés pots-de-vin, ils ont par contre été régulièrement cités pour les retards de réalisation. Il est vrai que les Japonais se sont retrouvés avec un terrain des plus difficiles qui soit. A cela s'ajoute une organisation du travail très différente de celle des Chinois qui ont indéniablement-et cela se sait depuis longtemps-réussi à tenir le pari du délai de livraison. Beaucoup mieux que les Japonais censés avoir recours à des procédés technologiques plus modernes. En juillet 2009, Akli Ourad, consultant international spécialiste en gestion de réseau routier, expliquait pourquoi les Chinois prenaient déjà de l'avance. D'un côté, avait-il dit, il y a eu « les retards des études sur la section Est de l'autoroute au moment où elle a été remportée par les Japonais, ensuite par les difficultés du terrain : c'est la section la plus vallonnée. Il y a aussi quelques explications liées à l'organisation du travail : seul l'encadrement de Cojaal est japonais, car il existe 15 nationalités différentes sur leurs chantiers. Il y a d'ailleurs des « quartiers » philippins ou des quartiers vietnamiens dans les bases vie de Cojaal : cela peut avoir une incidence dans l'intégration au travail. Un handicap que ne connaissent pas les Chinois qui n'utilisent que leurs propres mains-d'œuvre nationale ». Les capacités de Cojaal en question A l'évidence, le handicap de départ a continué à s'approfondir. Il n'existe pas de chiffres disponibles sur le taux d'avancement du tronçon de 399 km, entre Bordj Bou Arréridj et la frontière avec la Tunisie, mais les retards paraissent, à vue d'œil, très importants. On parle désormais d'une livraison qui irait au-delà de 2012, voire davantage, alors que les tronçons chinois sont fonctionnels. Le contrat prévoit des pénalités de retard dans la livraison de l'autoroute, qui était théoriquement livrable dans un délai de 40 mois. Le relief très difficile du tronçon «japonais» n'expliquerait pas, du moins pas à lui seul, ces retards importants. Il semble, selon certaines sources, que le consortium japonais a pris un chantier qui dépasse largement ses capacités. Ce consortium aurait même donné de fausses informations pour pouvoir décrocher le contrat. La décision de la partie algérienne de ne pas payer le consortium paraît, selon des spécialistes, tout à fait fondée au regard des retards qui s'accumulent sur le projet. Le consortium paraît bien à la peine avec son tronçon. Il a été même question d'une proposition de Cojaal au consortium chinois de reprendre, en sous-traitance, le chantier en souffrance. Proposition qui aurait été déclinée par les Chinois qui se refusent à faire de la sous-traitance. Les retards des Japonais ne font que mettre en relief la prouesse des Chinois. Et même un parfum de scandale a accompagné cette autoroute déjà pleine « d'histoires ».