Coup de chaud, coup de froid, décidément, à l'instar de beaucoup de pays, l'Algérie n'est pas épargnée par le dérèglement climatique. La vague de froid venant du pôle Nord a atteint le Maghreb et a balayé une grande partie du pays, cette semaine. Le temps souffle le chaud et le froid, l'Algérie n'échappe pas aux caprices du climat. Cette météo déconcertante est le résultat de deux masses d'air très antagonistes avec l'épisode de neige qu'ont connu plusieurs régions du pays. Ces changements de climat mettent les météorologues en difficulté à établir avec fiabilité leurs prévisions. C'est ce qu'a admis, hier, Djamel Boucherf, directeur du Centre national de climatologie, qui était l'invité de la radio chaîne 3. Ce climatologue fait observer que les flux atmosphériques sont variables et «nous sommes, dit-il, dans un contexte de changement climatique». Des phénomènes extrêmes se produisent à l'échelle globale mais à l'échelle locale, le changement climatique est difficile à détecter, souligne-t-il. «Cette masse d'air froid qui descend du pôle Nord est normale, mais ce qui est anormal est la température qui a atteint 30 degrés en décembre, enregistrée la semaine dernière». «La région de l'Afrique du Nord est très vulnérable au dérèglement climatique», affirme-t-il. «Le système climatique est bouleversé», soutient M. Boucherf qui prédit, «avec une forte probabilité, la survenue de phénomènes extrêmes telles les inondations ou les vagues de froid». «On est dans un contexte de changements climatiques qui touchent également l'Algérie». Jusqu'à jeudi, les services météo prédisent des températures proches de 19 °C à Alger et à Annaba avant de chuter à 14 pendant le week-end et de remonter de nouveau à 19 vers le début de la semaine prochaine. A Oran, le temps alternera entre des épisodes nuageuses, avec des averses et des journées ensoleillées et la température oscillera entre les 14 et 20 °C, cette semaine. A Constantine, le mercure variera entre 9 et 16 °C. A Tamanrasset, la température oscillera entre 22 et 27 °C. Les prévisions de l'Office météo Algérie sont-elles fiables ? «On peut établir des prévisions sur 5 jours. On produit également des bulletins de prévisions saisonnières sur trois mois portant sur les précipitations et les températures. Mais les bulletins portant sur 24 à 48 h ne sont fiables qu'à 60 à 70 %. Au-delà, nous ne pouvons émettre que des tendances météorologiques qui sont, du reste, corrigeables. On ne peut pas avoir une prévision localement mais sur la région», explique l'invité de la chaîne 3. L'ONM (Office national de la météorologie) dispose d'un dense réseau constitué de 400 points de mesures dont 80 stations synoptiques, 200 stations climatologiques et 150 stations automatiques dont 50 émettent et reçoivent les informations par satellite. «Ce réseau reste insuffisant car notre pays est très vaste», estime. M. Boucharef qui annonce un projet d'automatisation du réseau météorologique d'ici 4 ans. L'Algérie dispose également d'un Institut hydrométéorologique de formation et de recherche (IHFR) à Oran et d'un Centre de calcul à Alger. «A l'avenir, les phénomènes météorologiques extrêmes augmenteront en fréquence et en ampleur», prévoit M. Boucharef. Et de souligner la nécessité de mettre en place des systèmes de veille et d'alerte pour lutter contre les impacts des changements climatiques. Depuis les inondations de Bab El-Oued en novembre 2001, Alger s'est dotée d'un système d'alerte aux inondations. M. Boucherf souligne aussi le rôle de la station de l'Assekrem, dans le Hoggar, une station de référence mondiale qui a ouvert ses portes en 1992. Elle surveille les gaz à effet de serre. Ainsi, selon ce climatologue, les variations du climat sont extrêmes, passant des sécheresses aux pluies torrentielles dont découlent inondations, raréfaction des ressources hydriques et la désertification.