Taieb Ezzraimi, P-DG du groupe SIM, a été le sixième manager à exposer son itinéraire et sa trajectoire devant les étudiants de l'IDRH. Son itinéraire se distingue, par rapport à ses prédécesseurs, par la jeunesse de son expérience, puisque son groupe remonte aux débuts des années 90. D'autre part, ce groupe, par un concours des circonstances, a bénéficié de la cession des entreprises publiques locales et d'autres avantages concédés par l'Etat aux opérateurs économiques qui avaient accepté de s'installer sur des zones à risque, durant la période du terrorisme. Donc, comparée à celle de Rouiba ou de Cevital ou de l'ENIE, la trajectoire de SIM est singulière. Cependant, M. Ezzraimi a expliqué que son groupe est né dans des conditions de concurrence particulières, marquées par son existence en face de 112 unités de production de pâtes alimentaires appartenant au secteur public. Toutes ces unités ont disparu ou ont changé de propriétaire. C'est exactement à ce niveau que se situe le secret de la réussite de SIM qui, vingt ans après, s'est diversifié et est aujourd'hui composé de huit filiales. Les prix d'achat de la matière première (notamment le blé dur et le blé tendre) ont toujours été subventionnés, affirme-t-il. Par conséquent, ajoute-t-il, le prix de vente des produits finis (pâtes et farines) est administré. Comparativement aux entreprises publiques qui étaient pléthoriques d'une part et qui faisaient face à de lourdes charges, SIM, en optant pour une gestion plus rationnelle, avait réalisé des bénéfices énormes. «Je réalisais des marges de l'ordre de 34%, ce qui me donnait l'impression de voler les gens», dira en substance M. Taieb. «Chaque mois nous recevions un bulletin du ministère du Commerce fixant le prix des ventes», souligne-t-il. Continuant sur sa lancée, il indiquera : «nous achetions le quintal de blé à 4,20 DA et nous vendions le quintal de semoule à 1.095 DA». Concernant le financement initial de son entreprise, le conférencier reconnaîtra qu'aux débuts des années 90, la Banque Mondiale s'était engagée à financer 10 minoteries à travers le territoire algérien à des taux bonifiés. Or, l'Etat algérien, dont le rôle consistait juste à piloter l'opération, n'a financé en fin de compte, que 4 et à des taux de 23%. En plus, uniquement une a démarré, souligne le patron de SIM. Le conférencier ne s'est pas trop étalé sur les difficultés rencontrées dans le processus de mise en place de son groupe. Mais il relatera comment il a été sollicité par les travailleurs de «La Source» (Mouzaïa) pour l'acquérir. L'opération lui a pris trois ans. En plus, «L'Etat a exigé le payement cash et sans le concours bancaire». L'on apprendra que Mouzaïa qui fonctionnait avec une seule chaîne de production mobilise sept en ce moment et que son collectif de travailleurs est passé de 204 en 2005 à 875 actuellement. D'une manière globale, le groupe SIM a réalisé un chiffre d'affaires de 200 millions d'euros, l'année dernière. Il est le premier producteur de couscous sur le plan mondial et il exporte vers 29 pays. Cette réussite s'explique aussi, selon les propos du manager, par le caractère vierge du marché national. «Dans le Centre et l'Ouest, il y a uniquement une conserverie», lance-t-il. M. Ezzraïmi communiquera des chiffres se rapportant à l'évolution de la consommation des pâtes au Maghreb. En 2OO2, l'Algérien consommait 3 kg de semoule par an et en 2008 cette quantité a pratiquement triplé. Par contre, la consommation des pâtes du Tunisien a chuté de 17 à 16 kg par an durant la période considérée. Autrement dit, l'effritement du pouvoir d'achat des Algériens a bénéficié au groupe SIM qui détient 65% des parts du marché national des pâtes et couscous en Algérie. De l'agroalimentaire, SIM attaque d'autres créneaux comme la Promotion immobilière et surtout les énergies renouvelables. Dans ce cadre, l'on apprendra que SIM est actionnaire dans le projet NIL qui doit mettre en fonction deux centrales électriques (éolienne et énergie solaire) installées à Timimoun et Méghaïer. Une de ces centrales rentrera en fonction la seconde semaine du mois de janvier prochain, révélera l'hôte de l'IDRH. Lors des débats, le conférencier précisera que l'Etat algérien continue toujours à soutenir les prix du blé qui connaissent des fluctuations sur le marché international. Il ajoutera qu'actuellement l'Etat accorde des aides substantielles à la filière des cultures des céréales. Cependant, il remarquera que cette politique manque d'homogénéité, puisque les bénéficiaires investissent ce créneau stratégique, sans la moindre concertation entre eux. Par ailleurs, il indiquera qu'en 1986, l'Algérie a consommé pratiquement toutes ses semences de blé dit «Zenati», une espèce considérée comme la meilleure sur le plan mondial. Il en reste une petite quantité dans un bocal dans la bourse de Chicago. Il a fallu une vingtaine d'années pour produire cette espèce, désormais perdue à jamais.