La saison vient à peine de commencer, le réveillon du 31 et son cortège de furtifs mais nombreux touristes n'est pas encore passé, mais déjà les professionnels du tourisme du Sud algérien s'inquiètent. La fermeture de certains circuits pour des raisons de sécurité leur fait perdre beaucoup d'argent Pas plus de 2000 touristes cette année dans l'extrême Sud Combien de touristes étrangers et locaux- passent-ils chaque année dans le Sud algérien ? «Environ 20 000 selon les chiffres officiels», avance Nadjah Boudjeloua, secrétaire général de la Fédération nationale des associations d'agences de voyage. «Au cours des dix dernières années, 10 000 touristes en moyenne sont venus dans l'extrême Sud (Hoggar et Tassili) via des voyages organisés. Pour les touristes nationaux, nous n'avons que les statistiques pour la boucle des oasis, soit 200 000 par an, précise Said Boukhelifa, chargé du tourisme saharien au ministère du Tourisme. Mais cette année, en ce qui concerne l'extrême sud, le nombre de touristes ne dépasse pas les 2000 ». En particulier à Tamanrasset, à en croire les professionnels du tourisme sur place. «A l'exception des étrangers qui viennent dans le cadre de missions, les particuliers sont très rares», constate une agence de voyages locale. Sur les milliers de circuits fermés (El Ghoussour, Tinakachaker, Tagrera, Tagelmemt, Tahagart , ndlr) pour des raisons de sécurité, il ne resterait plus que des possibilités d'excursions de quatre à cinq jours maximum. «Le Hoggar est clairement plus touché que le Tassili, reconnaît Nadjah Boudjeloua. C'est pourquoi nous espérons que le flux perdu par cette région sera compensé par les touristes qui se rabattront sur la région de Djanet.» Seule une douzaine d'agences pourront traverser cette crise Pour les agences et certains cadres du ministère, cette saison est déjà qualifiée de «blanche». Et il ne faut pas se faire d'illusion : sur les quelque 130 agences du Sud il y en a un peu plus de 80 dans Tamanrasset et ses environs, et une cinquantaine dans le Tassili- ne résisteront que les plus grandes, solides financièrement, et les plus sérieuses. «Et cela ne dépasse pas la douzaine», souligne un cadre du ministère. Et un autre de dénoncer plus virulent : «Si les agences développaient des circuits vraiment originaux au lieu d'exploiter toujours les filons qui rapportent, comme l'Assekrem, elles n'auraient pas à déposer le bilan.». Pour Bachir Djeribi, président du Syndicat national des agences de voyages, ce genre de remarque est un mauvais procès d'intention. «De nouveaux créneaux ont été ouverts et certains professionnels ont réellement investi. Moi-même, via Kendo Adventure Tamanrasset, j'ai acheté des VTT à 2 700 euros ! Depuis 2005, je développe le quad, la moto et la rino. Et depuis trois ans, j'attends des autorisations pour un projet d'introduction de montgolfières et d'école de pilotage » Plus de cent personnes par circuit se retrouvent sur le carreau «Que va-t-on faire de nos employés ? On ne travaille pas comme n'importe quelle agence !, se plaint un professionnel du Hoggar qui a fermé son agence. Dans le Sud, un déplacement coûte cher. On ne peut mettre que quatre personnes dans un 4x4. Huit jours de circuit mobilisent environ 110 personnes en emplois directs et indirects : guides, cuisiniers, chameliers, artisans, bouchers ». Sans compter les frais d'entretien. «Changer un jeu de pneus, remplacer le matériel de couchage ou de restauration tous ces frais représentent 25 à 30% du budget d'une agence, estime Bachir Djeribi. Et même la plus modeste embauche trois à quatre personnes à l'année. Car pour avoir une bonne saison, les meilleurs guides et les meilleurs cuisiniers, il faut les payer à l'année pour être sûrs qu'ils ne partiront pas ailleurs. Conclusion : une petite structure qui emmène quatre personnes en excursion à l'Assekrem y sera de sa poche ». Avant un premier bilan chiffré, à attendre fin avril, les investisseurs pourront aborder leurs problèmes avec les services du ministère du Tourisme et de l'Artisanat qui organisent une rencontre nationale à Alger au courant de la première quinzaine du mois de janvier 2011.