Après avoir interpellé toutes les parties concernées sur l'avenir de leur entreprise et las d'attendre une solution qui tarde à venir, les syndicalistes d'ArcelorMittal Annaba en appellent directement au président de la République. Dans une lettre ouverte adressée au président Bouteflika, le syndicat d'entreprise d'ArcelorMittal Annaba interpelle le chef de l'Etat sur la situation et le devenir du complexe sidérurgique d'El-Hadjar. Le SG du syndicat d'entreprise Smaïl Kouadria et le président du comité de participation Abdelmadjid Bourai, rédacteurs de cette lettre, rappellent que «toutes les démarches opérées par les représentants des travailleurs en direction de toutes les parties concernées afin d'amener les responsables à leur consacrer plus d'attention et leur accorder de l'importance en prenant en compte leurs doléances sur le devenir du complexe sidérurgique sont restés sans échos ». Abordant la situation dans laquelle se trouve leur complexe, les syndicalistes affirment que «l'investissement tarde à venir » rappelant en outre que «la tuberie sans soudure est à l'arrêt depuis une année à cause du manque de cahiers de charges, idem pour la cokerie elle aussi à l'arrêt depuis une année, le haut-fourneau n°2 et l'agglomération sont en fin de campagne et présentent des signes évidents d'essoufflement, les aciéries et les laminoirs éprouvent énormément de difficultés à rester en cycle de production...» En somme, un tableau noir. La dégradation des installations, affirment les représentants des travailleurs, se répercute directement sur la situation des milliers de salariés menacés dans leurs emplois. Les syndicalistes indiquent que si l'on ne répond pas à leurs SOS, les travailleurs risquent de «verser dans le désespoir et user d'autres formes collectives de lutte suicidaires ». Les rédacteurs de la lettre rappellent que les revendications des travailleurs portent essentiellement sur l'investissement, le recrutement et la rénovation de leur outil de production... Tout en affirmant que leur complexe agonise, les syndicalistes déclarent qu'il «nécessite dans l'immédiat un véritable plan d'investissement». Face à une telle situation, les représentants des salariés exhortent le président de la République à intervenir par l'envoi d'une commission interministérielle «qui constatera par elle-même la gravité de la situation». Le complexe sidérurgique ArcelorMittal d'El-Hadjar est paralysé depuis mercredi dernier par une grève déclenchée par les personnels de sous-traitance, qui réclament des embauches. Selon un bulletin d'information de la direction générale, les responsables du complexe ont appelé les 500 contractuels des entreprises de sous-traitance qui ont bloqué depuis mercredi la chaîne de production à «faire preuve de raison». Elle leur a demandé de «libérer les sites occupés afin que la production reprenne et continuer à honorer leurs commandes et servir leurs clients et éviter toute perturbation des objectifs que l'entreprise s'est assignés». La direction d'ArcelorMittal a promis un premier recrutement d'une centaine d'agents sur l'ensemble du site, qui sera effectué immédiatement selon des critères indiscutables tels que l'âge, l'ancienneté et le poste occupé. «Un recrutement progressif s'effectuera en fonction des départs à la retraite attendus qui sont de l'ordre de plus de 500 agents», a ajouté la direction. Le complexe d'El-Hadjar a déjà été affecté en 2010 par trois grèves générales, en janvier, d'une durée de neuf jours, puis en juin avant que la justice n'ordonne la reprise du travail et enfin en octobre. Les salariés de l'usine avaient cessé leur mouvement de grève en octobre après un accord entre le syndicat de l'entreprise et la direction sur la reprise des négociations salariales. Le DG d'ArcelorMittal en Algérie, Vincent Le Gouic, s'était alors engagé à régler le problème lié à la situation des personnels des sous-traitants.