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Libye : L'Algérie dément avoir transporté des mercenaires
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 27 - 02 - 2011

Au 12e jour de l'insurrection généralisée en Libye, la situation est décrite comme ‘'chaotique'' par les milliers de personnes, qui fuient chaque jour un pays livré à lui-même et où le régime de Mouammar Kadhafi vit ses dernières heures.
L'onde de choc internationale des graves événements qui se déroulent dans ce pays, notamment des tueries d'opposants et des liquidations physiques de manifestants à Tripoli par des mercenaires, a provoqué un tollé général, alors que l'ONU devait se réunir pour la seconde fois hier samedi pour se prononcer contre des sanctions contre le régime de Kadhafi. C'est dans ce contexte que l'Algérie, par le biais du ministère des Affaires étrangères, a démenti de «la manière la plus catégorique» les allégations mensongères sur l'utilisation d'avions militaires algériens pour transporter des mercenaires en Libye. Face à l'extrême confusion qui prévaut actuellement en Libye, et l'accusation par l'opposition locale contre l'utilisation par Kadhafi de mercenaires qui tirent sur les manifestants, plusieurs Networks ont affirmé que ces mercenaires étaient acheminés en Libye par des avions militaires algériens. Une accusation grave de ces Networks que le ministère des Affaires étrangères a démentie de la manière la plus catégorique. «Le ministère des Affaires étrangères dément, de la manière la plus catégorique, les allégations mensongères colportées par certains sites électroniques ainsi que par certaines chaînes de télévision satellitaires sur une prétendue utilisation d'avions militaires algériens pour transporter des mercenaires en Libye», précise un communiqué du ministère. «Ces allégations insidieuses vont à l'encontre de la position doctrinale, bien connue, de l'Algérie qui récuse, de manière absolue, l'ingérence dans les affaires intérieures des Etats», souligne le ministère.
Kadhafi ne contrôle plus le pays
En Libye, la détermination des opposants à chasser le colonel Kadhafi du pouvoir ne faiblissait pas hier, mais celui-ci tenait toujours la capitale Tripoli. «Il semble que Kadhafi ne contrôle plus la situation en Libye», a toutefois affirmé hier à Rome le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi. A 1.000 km à l'est de Tripoli, l'opposition continue de s'organiser et rêve de voir la capitale tomber. «Nous coordonnons les comités des villes libérées et de Musratha. Nous attendons que Tripoli en finisse avec le régime de Kadhafi et de ses fils et ensuite, nous travaillerons à un gouvernement de transition», a déclaré Abdelhafiz Ghoqa, le porte-parole de la «Coalition révolutionnaire du 17 février». «Il y a des volontaires qui partent tous les jours pour Tripoli» pour se battre, a-t-il ajouté, soulignant que de nouveaux officiers faisaient défection et rejoignaient les forces anti-Kadhafi. Presque toutes les grandes villes de l'Est du pays, notamment Tobrouk ou Misrata, sont déjà aux mains des insurgés, rejoints par des militaires qui ont fait défection avec «armes et bagages», selon des images diffusées par les télévisions. Alors que la région orientale pétrolifère de l'Est du pays, autour de Benghazi, est aux mains de l'opposition armée qui met en place une nouvelle administration, des tirs ont de nouveau été entendus dans certains quartiers de Tripoli durant la nuit. «L'électricité a été coupée (hier soir) et n'est pas revenue depuis», a déclaré un habitant joint par téléphone. «Nous étions terrifiés. Nous pensions qu'ils préparaient une attaque. Nous avons pris tout ce qui pouvait servir d'armes et nous avons gardé la porte de la maison», a-t-il ajouté.
Pris entre l'opposition armée qui affirme avoir libéré la région de l'Est et des combats violents à l'Ouest, le colonel Kadhafi a demandé vendredi à ses partisans de se préparer à «défendre la Libye», selon des images diffusées par la télévision d'Etat. «Nous allons nous battre et nous les vaincrons» et «s'il le faut, nous ouvrirons tous les dépôts d'armes pour armer tout le peuple», a-t-il dit à la foule sur la place Verte à Tripoli. Samedi, il aurait commencé à distribuer des armes, selon certaines agences et télévisions.
«S'il vous plaît, sauvez la Libye»
La communauté internationale s'orientait hier vers des sanctions face à la répression sanglante en Libye où le face-à-face chaotique entre le dirigeant Mouammar Kadhafi et l'opposition se durcissait. Le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir pour discuter d'une résolution imposant des sanctions contre le régime de Kadhafi. Un projet de résolution du Conseil de sécurité, rédigé par les Occidentaux, l'avertit que «les attaques étendues et systématiques qui ont lieu actuellement en Libye contre la population civile peuvent être assimilées à des crimes contre l'humanité». Les violences dans ce pays ont fait de 300 à plus de 1.000 morts, selon différentes sources.
«La violence doit cesser», a affirmé vendredi le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. L'ambassadeur libyen à l'ONU, Mohammed Shalgham, qui était resté jusqu'alors loyal au colonel Kadhafi, a fait lui également défection et a parlé d'« exactions». «Ce qui se passe en Libye est très dangereux», a dit l'ambassadeur. «Les manifestants n'ont pas jeté une seule pierre, et ils ont été tués. Mouammar Kadhafi a dit que les manifestants ont utilisé des drogues hallucinogènes. Mais une montagne de cachets n'aurait pas été suffisante. Le colonel Kadhafi et ses fils disent aux gens: ou bien je vous dirige, ou bien je vous tue», a-t-il encore expliqué, avant de lancer cet appel pathétique: «S'il vous plaît, Nations unies, sauvez la Libye. Qu'il n'y ait pas d'effusion de sang, pas de tueries. S'il vous plaît, s'il vous plaît, adoptez une résolution courageuse. Il est important pour nous, peuple libyen, que le Conseil de sécurité prenne maintenant une vraie décision pour arrêter l'effusion de sang», a-t-il ajouté. De son côté, le président américain Barack Obama a signé vendredi un décret présidentiel gelant les avoirs et bloquant les propriétés aux Etats-Unis du colonel Kadhafi et de ses quatre fils. Pour le président Obama, «le régime de Mouammar Kadhafi a bafoué les normes internationales et la morale élémentaire. Il doit être tenu responsable». L'UE est tombée d'accord pour décréter un embargo sur les ventes d'armes et de matériel de répression ainsi que pour geler les avoirs et interdire de visa à Kadhafi et ses proches, selon des sources diplomatiques. Depuis lundi, 40.000 à 50.000 personnes, des étrangers pour la plupart, ont fui la Libye par les frontières terrestres et leur flux s'accroît, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).


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