Pari réussi pour le Front des forces socialistes (FFS). Ce dernier a réussi hier à rassembler des milliers de personnes à la salle Atlas de Bab El-Oued autour du mot d'ordre «le changement pacifique du système». La salle en question avait du mal à contenir les foules ramenées par bus et des fourgons depuis notamment les wilayas de Béjaïa et de Tizi Ouzou. Il fallait hier jouer des coudes pour accéder et sortir d'une salle archicomble où se bousculaient jeunes, vieux et même des enfants venus assister à ce premier meeting du FFS depuis des années et qui intervient, faut-il le rappeler, dans une conjoncture particulière. Le parti d'Aït Ahmed a invité hier plusieurs opposants tunisiens et marocains pour prendre part à son rassemblement populaire. C'est d'ailleurs sous les cris «Echaab yourid iskat enidham» (le peuple veut le départ du système) que des opposants tunisiens, notamment du parti du Front des forces populaires et le Parti démocrate progressiste, ont pris la parole pour revendiquer «un Maghreb des peuples». Mustapha Braimi du Parti marocain pour le progrès et le socialisme a affirmé lors de son allocution que l'histoire de cette année 2011 appartient désormais aux peuples du Maghreb qui ont, soutient-il, le même passé, les mêmes problèmes et le même destin. Le Maroc, la Tunisie et l'Algérie ne peuvent faire exception face à ce vent de liberté qui souffle. «Il n'y a pas de développement sans démocratie», a déclaré l'invité du FFS. De son côté, le président de la Ligue algérienne pour les droits de l'homme (LADDH), Mustapha Bouchachi, a appelé hier à un «changement pacifique du système». «Je ne connais pas de pays qui ont donné 1,5 million de chaouhada pour leur indépendance, qui ont vécu la disparition de dizaines de milliers», a déclaré Bouchachi, suggérant par là que notre pays a énormément donné pour sa liberté. Le président de la LADDH a souligné hier que «nous avons libéré la terre mais pas l'être humain». «Malgré ce lourd tribut, nous ne sommes pas encore libérés», a-t-il ajouté en soulignant que l'élite algérienne a une responsabilité morale plus que les autres pour expliquer les enjeux et militer pour un changement pacifique du régime. «Le FFS est une force tranquille», a indiqué pour sa part Karim Tabbou. Ce dernier a fait savoir que son parti fait de la politique dans le but de provoquer «un changement pacifique avec les hommes et les femmes qui ont de la conviction». «Il faut reconstruire la confiance entre nous», a-t-il lancé en soulignant par ailleurs que le FFS ne fait dans l'agitation. Le premier secrétaire du parti d'Aït Ahmed a déclaré qu'il faut absolument expliquer au peuple ce qui se passe actuellement dans les autres pays quitte à faire du porte-à-porte dans les villes et villages d'Algérie. Il dira que le nouvel ordre qui est en train de se mettre en place «peut se faire avec nous, sans nous ou pire encore contre nous». Pour le responsable du FFS, le monde vit aujourd'hui un moment historique et nul ne peut fuir ses responsabilités du sommet jusqu'en bas de la pyramide.