L'Algérie n'est pas contre le principe de l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne en Libye, comme pourrait le laisser penser son vote contre l'adoption de cette proposition lors de la réunion extraordinaire du conseil ministériel des Affaires étrangères de la Ligue arabe. En effet, elle n'a nullement exclu qu'une telle opération puisse avoir lieu, mais à l'unique condition qu'elle se fasse à l'initiative du Conseil de sécurité et dans le respect des mécanismes et mesures de la Charte des Nations unies. Il peut paraître à d'aucuns que les autorités algériennes font montre d'un pointillisme juridique qui ne serait pas de mise au regard de la gravité de la situation humaine provoquée par les bombardements aériens de l'aviation du colonel Kadhafi sur les villes et la population de son pays. Sur le fond pourtant, la position algérienne se justifie amplement. Les Etats-Unis, l'Europe et leurs bras armé, l'OTAN, ne sont nullement, au plan du droit international, habilités à décider par eux-mêmes et en dehors des instances onusiennes (seules responsables en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationale) d'opérations militaires engageant la communauté internationale. L'on sait comment commencent les engagements militaires que décident ces puissances ou organisations, mais jamais quand ils finissent et à quelles véritables motivations ils répondent. Plus que tout autre pays du fait de son voisinage avec la Libye, l'Algérie souhaite que soit mis fin le plus rapidement possible à la situation chaotique et sanglante qui prévaut en Libye. Mais pas au prix d'initiatives aux résultats et conséquences pouvant s'avérer désastreux pour la Libye et pour les pays, comme elle, voisins de celle-ci. Les exemples irakien et afghan, pour ne citer qu'eux, ont montré ce à quoi aboutissent les engagements militaires décidés en dehors du cadre onusien. Les insurgés libyens ont besoin que la communauté internationale prenne des initiatives fortes pour contraindre le dictateur de Tripoli et ses partisans à arrêter le massacre qu'ils opèrent du fait qu'ils disposent d'une puissance aérienne qui est en train de briser leur résistance. Mais ils refusent clairement que ce soit sous la forme d'une intervention militaire, qui plus est émanant d'Etats l'engageant sans l'accord plein et entier de l'ONU et de son Conseil de sécurité. L'Algérie a raison de s'opposer à une intervention de cette sorte car elle relèverait de l'ingérence étrangère pure et simple. Au fait, qui a vendu les avions que Kadhafi utilise pour massacrer son peuple ? Les puissances qui aujourd'hui plaident pour l'intervention militaire en Libye, en mettant en avant son caractère humanitaire, le savent. Ce qui rend sujet à caution leur positionnement sur ce qui se passe en Libye actuellement. Raison de plus pour que l'Algérie se montre réservée sur leur agitation et signifie qu'elle ne donnera sa caution à aucune initiative internationale non revêtue du sceau onusien et donc de la légalité internationale.