C'est sur ton monocorde que le président Abdelaziz Bouteflika a lu son discours à la nation, qui était fortement attendu.Il risque de laisser sur leur faim ceux qui attendaient un élan décisif vers le changement ou la réforme. Un discours en deux parties. L'une économique, qui est davantage une défense de son bilan qu'une annonce de réformes. Le volet politique comprend une série d'annonces assorties préalablement d'une référence aux violences de la décennie 90 et il n'acceptera pas d'un retour à ces années de malheurs. Pour lui, le défi du rétablissement de la paix a été gagné et il convient de le préserver. Tout comme doivent être défendues la souveraineté et l'unité nationale. Dans le domaine politique, dont l'articulation n'est pas évidente, la démarche consiste à s'attaquer ou à revoir une série de textes avant d'arriver à une révision de la Constitution. Ces révisions ont pour but, selon le Président, de renforcer la démocratie parlementaire. Il a annoncé la révision de la loi électorale, de la loi sur les partis, l'enrichissement de la loi sur la commune, suivie de la révision d'une loi de la wilaya et des associations. Enfin, une révision de la Constitution avec la participation des partis. Pour la presse, révision de la loi sur l'information et suppression du délit de presse sont annoncées. Autosatisfaction Dans le domaine de l'économie, c'est clairement un sentiment d'autosatisfaction qui se dégage du discours présidentiel, en mettant en avant les réalisations des différents plans quinquennaux. En terme d'annonce, la seule nouveauté, mais encore non précisée, est celle d'une «action sérieuse» en direction des entreprises publiques et privées. Les plans quinquennaux ont «porté leurs fruits» et les années 2000 ont été «riches en réalisations», en infrastructures de base et équipements socioéconomiques, le déficit en logements a été «pallié» à travers un programme d'un million de logements tous les cinq ans et le chômage «largement résorbé». L'importance des transferts sociaux et des aides de l'Etat traduit, selon lui, le signe que le pays a renoué avec «ses principes de justice sociale et de solidarité nationale». Dans la même case des réalisations, le président Bouteflika a cité le paiement anticipé de la dette. Mais, a-t-il souligné, «nous sommes aujourd'hui, plus que jamais, concernés par les vents de réformes socio-économiques et politiques». Au plan économique et social, il évoque la mise en place d'un nouveau mécanisme pour la stabilisation des prix des produits alimentaires, le soutien à l'investissement par des mesures incitatives «à travers l'accès au foncier et une plus grande disponibilité des crédits bancaires». Il cite également les mécanismes pour l'emploi des jeunes diplômés et «l'effort incommensurable» consenti depuis 2000, qui a permis «la satisfaction d'une grande partie de la demande et la réduction de la protestation». Le Président dit s'attendre à de «nouvelles demandes» et affirme que les efforts seront poursuivis dans le cadre du plan quinquennal en cours, avec plus d'un million de logements livrables avant 2014. Pour lui, ces réalisations ne profitent pas qu'à «certaines catégories sociales», mais il admet que des «fléaux sociaux tels la corruption, le népotisme et le gaspillage sévissent». Des mesures pour l'entreprise Après ce long bilan plus que positif à ses yeux, les annonces restent vagues. Il promet «d'importantes mesures» pour donner un «nouvel élan à la gestion de nos programmes et à la dynamisation de l'appareil de l'Etat». Ces mesures, qui n'ont pas été détaillées, permettraient de renforcer la «lutte contre la bureaucratie et les dysfonctionnements» au sein de l'administration et de faire face aux atteintes aux deniers publics. Il a annoncé, par ailleurs, le lancement d'une «concertation» au niveau local afin de mieux définir les objectifs du développement local et les adapter aux attentes de la population. Il a également annoncé une «action sérieuse» en direction de l'entreprise économique, publique ou privée. Ces entreprises vont profiter d'une mise à niveau qui permet d'en améliorer la productivité et la compétitivité. Le gouvernement doit, a-t-il indiqué, «élaborer un programme national d'investissement destiné aux entreprises économiques, tous secteurs d'activités confondus, en concertation avec tous les opérateurs économiques et sociaux». Il doit également veiller à l'amélioration de l'environnement de l'entreprise et à l'instauration d'un climat propice aux affaires et à l'investissement. Il reste à connaître les détails de ces mesures pour en apprécier l'effet concret.