Comme si cela était inscrit dans le calendrier de son mandat. À aucun moment, il n'est fait allusion à la pression de la rue et la possible contagion des révolutions en cours dans les pays arabes. C'est un président très affaibli qui s'est adressé, hier, à la nation pour annoncer les réformes politiques que les Algériens attendaient depuis le début de l'année. Par son discours, il met ainsi fin aux diverses spéculations entretenues par les partis, ceux de l'Alliance surtout. Mettant en avant et s'attardant sur son bilan dont il semble tirer une grande satisfaction, le Président reconnaît à “l'évidence” que tout ne va pas pour le mieux. Les nœuds de blocage sont identifiés, comme le népotisme, la corruption et la bureaucratie qui représentent de véritables fléaux. Il reconnaît quand même, contrairement au Premier ministre, que la place de l'entreprise doit être valorisée et au cœur de l'investissement parce qu'elle est “source génératrice de richesse et d'emplois”. Pour la première fois, à l'Etat seront confiés les investissements de base et sociaux. Peu féru de la chose économique, il a quand même plaidé pour l'instauration d'un climat des affaires plus souple mais plus transparent. La seconde partie de ce discours à la nation est consacrée aux réformes politiques, présentées comme le programme politique du Président à l'instar du volet économique rendu public le 22 février, en réponse aux différentes manifestations et émeutes. Comme si cela était inscrit dans le calendrier de son mandat. À aucun moment, il n'est fait allusion à la pression de la rue et à la possible contagion des révolutions en cours dans les pays arabes. Les changements attendus sont importants comme la révision profonde des textes fondamentaux réglementant la vie d'une nation tels que la Constitution, la loi électorale et la loi sur l'information, avec insistance sur la dépénalisation du délit de presse. Se présentant en arbitre, à qui revient le dernier mot, il préconise une démocratie participative où le citoyen aura son mot à dire au niveau des espaces de proximité comme la commune et la wilaya. Message, on ne peut plus clair, à ceux qui veulent encore avoir sous leur coupe les maires. Il manque quand même deux choses qui nous laissent sur notre faim : une feuille de route précise avec des dates butoirs car le pays a trop perdu de temps en tergiversations et hésitations ; et l'absence d'une annonce d'une rupture avec ceux qui ont eu la charge de la gouvernance du pays qui ont poussé les Algériens à sortir dans la rue. À moins qu'il ne leur ait donné son satisfecit. Il reste aussi cette inconnue : qui approuvera la Constitution ? L'actuel Parlement dont la majorité lui est acquise ou le peuple par voie référendaire ? La question reste posée. Une chose est sûre : la Constitution qu'il s'est taillée sur mesure, il ne l'offrira jamais à son successeur. O. A. [email protected]