Incontestablement, le Classico doit être considéré comme un phénomène de société. Sinon, comment expliquer cette farouche rivalité entre les pro-Réal et les férus du Barça, tous âges confondus, si l'on se fie aux maillots. De 10 à 80 ans, tous les supporters des deux géants du football espagnol vivent au rythme des rencontres. Ces dernières semaines sont exceptionnelles avec quatre grands "classicos". Le second comptant pour la coupe du Roi est revenu au Réal. En attendant qu'il y aura un petit intermède aujourd'hui, où le titre (la Liga) risque d'être la propriété du FC Barcelone, qui recevra un mal classé (Osasuna 16e), alors que les Madrilènes retourneront au stade Mestella de Valence, théâtre de leur succès en coupe. Or, le FC Valence, sous la menace de Villareal pour la troisième place qualificative en Ligue des champions, sera très motivé et aura à cœur de battre les Madrilènes, lesquels retrouveront sur leur chemin le meilleur buteur de Valence, Soldado, formé à Madrid. Mercredi prochain, place à l'ambiance et aux grosses émotions dans un stade Santiago Bernabeu plein à craquer avec le match aller de la demi-finale de la Ligue des champions, lequel précèdera un non moins haletant retour au camp Nou de Barcelone. Si après le nul qui a départagé le Réal au Barça à Madrid, chaque victoire est un motif de liesse populaire à Oran et ailleurs, les inconditionnels de l'équipe victorieuse déambulant en voitures, à l'inverse des vaincus du jour, qui se terrent carrément dans leurs domiciles. Le football espagnol passe pour être le plus spectaculaire de la planète grâce aux performances du Barça et du Réal, où les super-stars font le spectacle. On rappellera que ces «classicos» ont été demandé par cent cinquante pays. En Algérie, comme partout ailleurs, ce phénomène a fait tache d'huile. La rivalité est acharnée parfois entre les membres d'une même famille. A quoi est dû cet engouement? D'abord, à la qualité du jeu et à la présence de footballeurs de grande classe qui ne laissent personne indifférent, comme l'atteste la présence des médias lourds et d'innombrables sponsors. Si un fan adore le Réal ou le Barça, c'est parce qu'il y a un "vide" au sein de notre football prétendument professionnel. Et dont le niveau est de plus en plus décevant, sans oublier la violence. Faut-il s'étonner qu'en dépit des tracasseries administratives et de contraintes financières, des Algériens effectuent régulièrement des «sauts» à destination de Madrid et de Barcelone ? La réponse coule de source. Cette rivalité historique, il faut le dire, est fort bien mise à profit par des commerçants qui écoulent facilement les maillots à l'effigié des deux grands clubs d'Espagne. Il existe chez nous des magasins spécialisés : les gérants se frottent les mains à chaque veille de «classico». Bref, le phénomène Barça-Réal a de belles années devant lui. Il est arrivé que, «contaminées» par cette maladie, même des femmes ont choisi leur camp. Sur le plan sportif, ce sont deux "philosophies" différentes qui se disputent le leadership. Au Réal, c'est le résultat qui reste la priorité, un choix accentué par le très réaliste Mourinho, tandis qu'au Barça, c'est le jeu collectif qui est devenu la fierté des Catalans. En outre, au Réal, c'est le recrutement des vedettes tous azimuts, à l'opposé de Barcelone qui se fie à sa politique de formation. Alors, cette saison, qui aura le dernier mot en Ligue des champions ? Réponse dans quelques jours. En attendant, l'ambiance ne se dément pas.