Venant de Guelma où il avait fait une visite de travail et d'inspection dans le secteur relevant de son département ministériel, M. Mohamed Benmeradi, ministre de l'Industrie, de la Pme et de la Promotion de l'investissement, était jeudi à Constantine où il a visité des unités industrielles, notamment du secteur mécanique implantées dans les zones de Benbadis, Oued Hamimime et Aïn Smara. Au cours d'une rencontre, en fin d'après-midi, au siège de l'APW, avec les opérateurs économiques locaux activant dans les différents créneaux de l'Industrie, le ministre a exprimé sa satisfaction d'avoir «trouvé à Constantine des capacités, surtout humaines, très intéressantes qui peuvent accompagner les grandes réformes du secteur que l'on peut engager». Evoquant le recul de la production industrielle en Algérie, dans un exposé préliminaire fait devant les opérateurs économiques, M. Benmeradi a lancé à ceux du secteur privé un appel à l'investissement en déclarant : «je pense que le secteur privé devrait s'engager davantage dans la production industrielle. Aujourd'hui, a-t-il expliqué, 50 % du produit national brut (Pnb), 97% de nos recettes d'exportation et 60% de nos recettes budgétaires proviennent des hydrocarbures. Et à chaque fois qu'il y a un choc pétrolier c'est toute la stratégie économique de l'Etat qui est remise en cause. Cette situation ne peut pas durer !» a-t-il déclaré en annonçant l'intention du gouvernement d'organiser une rencontre nationale qui se tiendra probablement le 28 mai courant, entre les opérateurs privés et publics. Le représentant du gouvernement a rappelé les dernières mesures prises lors du conseil des ministres du 22 février dernier et celui tenu récemment, lequel a pris des décisions importantes dans le domaine de l'investissement et la relance du secteur industriel. En faisant le constat que le secteur privé ne s'est pas développé au rythme qu'on attendait de lui, il a déclaré que «le gouvernement a fait un diagnostic de ce qui bloque l'investissement privé et a pris des mesures pour raccourcir les délais de création d'entreprises, pour enlever les contraintes bureaucratiques qui entourent l'investissement et trouver des solutions au financement. Il signale enfin la décision de dépénalisation de l'acte de gestion qui, selon lui, va encourager surtout les gestionnaires des banques. «L'Etat est en train de régler également le problème de l'économie informelle qui fait beaucoup de mal au tissu économique national. Il ne reste plus qu'à mettre en confiance les investisseurs pour faire redémarrer notre économie, d'autant plus qu'aujourd'hui nous avons beaucoup d'atouts», a conclu sur ce chapitre M. Benmeradi. Sur un autre plan, le ministre s'est félicité de la relation directe nouée entre l'université de Constantine et les complexes industriels qu'il a visités et a déclaré qu'il a pris, avec le wali, des décisions pour renforcer cette dynamique. Les débats aussitôt ouverts, le président du club des entrepreneurs et investisseurs du grand Constantinois (CEIGC), le docteur Omar Mahsas, a tenu à répondre au ministre en expliquant les causes de la «frilosité» du secteur privé. «Elles sont dues à certaines contraintes d'ordre administratif en amont et en aval de l'investissement», a-t-il dit. Accès au foncier très difficile, difficultés aussi à obtenir le permis de construire dans tous les états d'avancement administratifs.» Aussi, continue le président du Ceigc, une fois le projet réalisé, ceux qui ont la possibilité d'exporter, rencontrent d'énormes contraintes. Le second obstacle après l'administration, sont les banques complètement sclérosées, où les taux d'intérêt restent forts, les délais de remboursement courts, le différé parfois inexistant, etc. Les ajouts, les pénalités de retard et tout le reste découragent ceux qui sont sur le terrain et ceux qui souhaitent venir, même si en Algérie la fiscalité est meilleure. Ajoutez à cela une parafiscalité très lourde. D'autre part, l'insécurité économique fait qu'on s'engage sur un projet et avant de l'avoir fini on le découvre sur le marché chinois. Cette concurrence déloyale freine l'élan du privé». Le Dr. Mahsas a conclu que le règlement de ces points donnera certainement plus de sécurité et plus d'engagement au secteur privé dans l'investissement économique.