Deux syndicats de la santé publique regroupant les médecins praticiens (SNPSP) et les spécialistes (SNPSSP), ont lancé, jeudi, un appel à une grève illimitée dès le 16 mai prochain pour réclamer la satisfaction de leurs revendications. C'est ce qu'ont décidé ces deux organisations syndicales à l'issue d'une réunion de coordination tenue à Alger au terme de leurs conseils nationaux respectifs. Les deux syndicats comptent également appuyer cette grève par des sit-in et par des marches à Alger. «Les modalités de mise en œuvre de ces actions seront arrêtées lors d'une réunion qui regroupera la semaine prochaine les deux syndicats», nous précise Dr Merabet, porte-parole du SNPSP. «Nous comptons également associer les résidents pour mener une lutte commune», affirme Dr Yousfi, président du SNSSP. Ces deux syndicats condamnent «la répression et les entraves qui s'abattent sur l'activité syndicale». Le SNPSP réitère sa revendication liée à l'adoption de la mouture négociée et paraphée en commission mixte SNPSP ministère de la Santé, relative au projet de révision du statut particulier, avec un régime indemnitaire indexé sur la classification valorisée grâce à une augmentation à hauteur de 100 %. De son côté, Dr Yousfi affirme que son syndicat «exige l'adoption de l'amendement du statut particulier des spécialistes et du régime indemnitaire comme fixés par la commission mixte». «Nous réclamons aussi le règlement du problème des logements de fonction et l'instauration des mesures incitatives pour les spécialistes qui sont affectés à l'intérieur du pays», énumère encore Dr Yousfi. Le SNSSP soutient qu'il a été convenu avec la tutelle que la révision du régime indemnitaire ne se fera qu'après l'adoption du statut des praticiens. «Un engagement qui n'a pas été respecté», dénonce Dr Yousfi. Le syndicat des spécialistes exige aussi le règlement du dossier du concours pour la promotion dans la carrière professionnelle institué en 1982 avant d'être annulé affirmant que ce dossier «dépend toujours de la signature de la direction de la fonction publique alors que 2500 praticiens aspirent à son application». De son côté, le Syndicat National de Médecins généralistes de santé publique (SNMGSP) s'est félicité, jeudi, des nouvelles augmentations des salaires pour les médecins généralistes variant de 60 à 85 %, estimant qu'elles «répondent amplement aux aspirations des médecins généralistes». Ce syndicat affirme que deux commissions mixtes vont être installées par arrêté du ministre. La première commission fixera les modalités pratiques du passage du grade de médecin principal au grade de médecin en chef tandis que la seconde proposera une réforme de la formation du médecin généraliste. Mais le Dr Merabet affirme que ce syndicat «ne jouit d'aucune représentativité ni légitimité». Le SNPSP affirme qu'il reste «le seul porte-parole légitime des médecins généralistes, des chirurgiens-dentistes et des pharmaciens de santé publique dont il a élaboré le statut particulier de 1991 et celui de 2009». M. Merabet, a démenti toute conclusion d'un accord avec le ministère de la Santé portant sur une augmentation des salaires des médecins généralistes. Le ministre de la Santé a déclaré, la veille, qu'ils se sont mis d'accord sur «une augmentation allant jusqu'à 70% du salaire des médecins généralistes». Pour leur part, les résidents en médecine et les étudiants en chirurgie dentaire et en pharmacie qui sont en grève illimitée depuis deux mois, menacent depuis mercredi de «démissionner collectivement» si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Les médecins résidents réclament essentiellement la suppression du service civil qui les contraint à exercer dans des zones reculées du pays durant deux ou quatre ans au terme de leur spécialisation à l'hôpital. Ils revendiquent également de meilleurs salaires. Le ministre de la Santé avait procédé en mars dernier à l'installation de trois commissions nationales regroupant des représentants du ministère de la Santé et les délégués du collectif des médecins résidents. Le collectif s'était retiré de ces commissions en raison du «rejet» de leur principale revendication, à savoir l'abrogation du service civil obligatoire. Le ministre de la Santé a déclaré, jeudi, que la menace des médecins résidents, en grève d'aller vers une démission collective «n'a aucun sens et ils en seraient les seuls perdants», les rappelant à «la raison et à la sagesse». M.Ould Abbas a affirmé qu'il devait se réunir jeudi, avec le ministre de l'Enseignement supérieur, les cadres des deux ministères, le doyen de la Faculté de médecine, et des représentants des médecins résidents. Cette réunion, a-t-il dit, se penchera sur les problèmes soulevés et l'application des décisions prises à l'issue de la réunion des doyens lors de la conférence nationale tenue la semaine dernière. Ould Abbas a qualifié les revendications des médecins résidents de «légitimes» mais rappelle que l'abrogation du service civil obligatoire n'est pas de ses prérogatives. Il a estimé que le service civil «n'est pas une punition mais constitue un devoir de solidarité, ajoutant que cette mesure durera éternellement et son abandon demande du temps». Et de citer l'abrogation en 1993 du service civil imposé jusque-là aux médecins généralistes qui est intervenue après que le gouvernement se soit assuré d'une bonne couverture sanitaire nationale. «Dans deux ou trois ans peut-être, progressivement, nous n'aurions plus besoin du service civil pour les médecins résidents», a déclaré M. Ould Abbas, appelant les résidents protestataires au dialogue.