Le numéro un européen de l'assurance Vie Generali pourrait rentrer en Algérie non plus en partenariat avec CIAR, mais avec Alliance Assurance, et cela à travers l'assureur tunisien Maghrebia Vie. Pendant que le leader mondial de l'assurance le français AXA s'est enlisé dans un labyrinthe procédurier avec ses partenaires publics algériens, la BEA et le FNI. Les grandes manœuvres reprennent sur le marché émergent de l'assurance en Algérie. Le troisième groupe européen de l'assurance l'italien Generali devrait venir en Algérie d'ici la fin de l'année 2011 en lançant le métier où il est leader européen, celui de l'assurance-vie. Mais si c'est toujours la filiale en Tunisie de Generali Maghrebia Vie - où il détient 45% - qui devrait se déployer sur le marché algérien, son partenaire national ne devrait plus être la CIAR, mais Alliance Assurance. Maghrebemergent a appris que le président de Alliance Assurance, Hassan Khelifati, s'est déplacé en Tunisie pour négocier les conditions de la naissance d'une filiale assurance-vie en partenariat avec Maghrebia Vie. Le projet de la nouvelle compagnie tunisienne dans l'assurance-vie de s'associer au leader de l'assurance dans le privé algérien, CIAR, lancé au premier trimestre 2010 serait mort né. Massir, la compagnie d'assurance vie qui devait naître d'un tour de table ou Maghebia Vie détiendrait 35% du capital et CIAR devait être l'actionnaire de référence, a connu une complication dans la négociation du pacte des actionnaires. CIAR souhaiterait désormais se lancer seule dans l'assurance-vie, à défaut de trouver un nouveau partenaire étranger de taille. Generali qui pilote la construction d'une plate-forme maghrébine pour ses produits d'assurance-vie, a insisté pour le marché algérien. C'est donc assez naturellement qu'une discussion s'est ouverte avec Alliance Assurance, le nouveau dauphin de la CIAR chez les assureurs privés en Algérie. Les conditions précises de la capitalisation du partenariat entre Maghrebia et Alliance Assurance ne sont pas encore établies. Maghrebia Vie est née au début de 2010 de la séparation des branches dommages et vie de Maghrebia, compagnie tunisienne d'assurance. C'est le même modèle que devrait reproduire Alliance Assurance, sommée comme tous les autres assureurs sur le marché algérien de filialiser sa branche vie et de la capitaliser à hauteur de un milliard de dinars. Les assureurs devaient se mettre en conformité le 12 mars dernier, mais ils ont obtenu un moratoire d'une année, le marché n'étant pas encore suffisamment mûr pour mobiliser de tels montants dans une activité naissante. Le marché tunisien de l'assurance-vie valait plus de 14% du global des assurances en 2009, lorsque le géant mondial Generali a décidé d'en faire son point d'appui pour son implantation dans la région. AXA Algérie, toujours pas en activité Le découplage des activités de l'assurance dommages de celle de l'assurance des personnes et capitalisation, appelée « vie », décidé en novembre 2009, devait permettre d'amener les grandes compagnies étrangères à développer un métier, l'assurance vie, ou tout est à faire. Le rendez vous manqué du 12 mars dernier a montré toute la complexité du lancement de cette activité. La première compagnie dédiée à l'assurance des personnes et à la capitalisation est une filiale d'une compagnie d'assurance publique, la CAAR. Tâamine Life Assurance (TALA) lancée à 100% par la maison mère a rapidement vu l'arrivée dans son tour de table d'une banque publique, la BEA, et du FNI, le fonds national d'investissement né une année plus tôt. Ce sont justement ces deux acteurs, qui ont montré une belle célérité à consolider la branche vie de CAAR, qui sont aujourd'hui interpellés par les observateurs du secteur des assurances au sujet de l'investissement étranger le plus important dans le secteur. La BEA et le FNI sont en effet les partenaires de AXA Algérie pour le lancement des activités du géant mondial dans les deux branches des dommages et de la vie. Le conseil national de l'investissement (CNI) a donné en novembre dernier son feu vert à cet investissement où la partie algérienne détient les 51%. « Un feu vert préliminaire qui sera suivi de l'agrément du ministère des Finances » avait prévenu Lamara Latrous, président de l'UAR. Six mois se sont écoulés et l'activité de AXA Algérie n'est toujours pas effective. Une source qui a requis l'anonymat attribue ce retard à la volonté des pouvoirs publics en Algérie : « La BEA et le FNI ont manifestement reçu comme orientation de traîner des pieds. Axa fait peur aux compagnies d'assurance publiques qui dominent toujours le marché et qui ont le plus à perdre avec le démarrage de son activité. » Les trois partenaires buteraient encore sur des détails juridiques dans la rédaction des statuts définitifs. Le management doit échoir à Axa Algérie. La filiale de l'assureur français, approché par ME pour corroborer les causes évoquées ici du retard de son entrée en opération a demandé de prendre le temps de la consultation « avant de répondre sur ce sujet délicat ». AXA Algérie est née à la mi-décembre 2008, plus d'une semaine avant la circulaire de Ahmed Ouyahia qui instaurait le 51-49 dans l'investissement étranger en Algérie. L'investisseur français a estimé être victime d'un effet rétroactif mais n'a jamais réussi à se faire entendre, en dépit de discussion directe sur la question au plus haut sommet politique entre les deux pays. Le partenariat avec des acteurs publics, la BEA et le FNI, n'a pas aidé à clôturer ce feuilleton à rallonge de la venue d'AXA en Algérie.