Ils étaient là. Pas tous malheureusement mais une bonne partie des anciens élèves, jeunes filles et jeunes garçons à l'époque mais ayant rejoint aujourd'hui la catégorie du troisième âge, celle de la grande famille des retraités. Ces anciens élèves de ce mythique collège Bencheneb. Une rencontre émouvante et pleine d'émotions que celle qui a regroupé, en cette matinée de jeudi dernier «Journée nationale de l'étudiant», tous ces anciens élèves venus de Laghouat, d'Alger, de Blida, de l'extrême ouest du pays, de Tipaza et bien sûr de l'ex-wilaya du Titteri dont la ville de Médéa était le chef-lieu et qui allait jusqu'à Boussaâda et M'sila, en passant par Djelfa. Tous ces anciens élèves de ce lycée Bencheneb qui a toujours été mixte jusqu'en juin 1964, pour garçons jusqu'au mois de juin 1966, pour devenir à partir de cette date un établissement pour jeunes filles. Un établissement portant le nom du premier docteur algérien en lettres françaises, Mohamed Bencheneb, né le mardi 26 octobre 1869 à Médéa, dans le petit quartier de Takbou, et décédé à Alger le mardi 05 février 1929. «Ce lycée Bencheneb qui constituait véritablement un pôle de rayonnement intellectuel et de culture à l'échelle nationale». Comme a tenu à le rappeler le docteur Abderrahmane Korteby qui y a fait toutes ses études du secondaire. Une émouvante rencontre qui a été organisée conjointement par la direction de la Culture de la wilaya de Médéa et «l'Association les amis de la ville de Médéa». Elle a permis à tous ces anciens élèves de se remémorer les meilleurs souvenirs, visiter les salles de cours, l'amphithéâtre, le laboratoire, la salle de sports, la salle de dessin, le réfectoire pour ceux qui avaient fait l'internat ou la demi-pension, de rester admiratifs devant la cloche qui existe toujours et qui avaient bercé notre enfance, notre adolescence de lycéens. L'occasion aussi pour nous rappeler tous nos anciens professeurs, particulièrement les Algériens et enfants de Médéa comme les deux frères Medjadji (Abdelkader et Djelloul), Hacène Zemirline aujourd'hui décédés. Comme nous nous sommes rappelés nos anciens proviseurs Bouzid, Abdi et Benterkia, également décédés aujourd'hui. L'occasion aussi et surtout de se souvenir, pour les plus âgés d'entre nous, de tous les anciens camarades qui avaient décidé, en ce jour historique du samedi 19 mai 1956, d'abandonner les bancs de ce lycée Bencheneb, appelé collège Bencheneb à l'époque, pour le maquis. Plus de 80 et parmi eux Lyès Imam, un crossman de renom qui avait battu un certain Michel Jazy, en France même, qui allait devenir champion olympique. Lyès Imam, dont l'OPOW de Médéa porte le nom aujourd'hui, qui est mort au champ d'honneur en 1958 et dont le groupe de commandos qu'il dirigeait porta son nom de guerre «Djamel», après son décès, jusqu'à l'indépendance. Plus de 80 lycéens «montés au maquis et morts en martyrs» à l'exception de cinq d'entre eux qui sont toujours en vie dont M. Bachir Rouis, ancien ministre. «Des moments vraiment poignants et inoubliables, une émotion intense qui m'empêche presque de bien articuler mes mots, des moments qui me donnent la chair de poule dans ce mythique lycée Bencheneb où l'on constituait une véritable communauté d'esprit, une seule famille» dira, les larmes aux yeux, docteur Yamina Benhadji. L'occasion enfin, pour la première fois depuis 1966, pour tous les anciens élèves présents, que suivront certainement les absents à cette rencontre du souvenir, d'approuver à l'unanimité la proposition de création, le plus tôt possible, de «l'association des anciens élèves du lycée Bencheneb». Une rencontre dans l'intimité qui a pris fin avec une très sobre collation, dans une ambiance très conviviale, avec la promesse faite par tous d'être encore plus nombreux la prochaine fois.