Le dernier rapport de la Banque mondiale (BM) sur «la région MENA, face aux défis et aux opportunités», rendu public hier mercredi à Washington, refroidit quelque peu les ardeurs du gouvernement en matière de croissance et d'équilibres budgétaires. Ainsi, la BM prévoit pour l'Algérie, à la fin de l'année 2011, un taux de croissance de seulement 3,7%. Contrairement aux prévisions de la loi de finances qui tablait sur une croissance de 4% et de plus 6% hors hydrocarbures, les économistes de la BM revoient à la baisse l'expansion des grands indicateurs économiques nationaux pour 2011. Pis, les mêmes prévisions de la BM tablent sur une croissance en baisse à 3,5 % en 2012, alors que l'année 2010 a été clôturée sur un taux de croissance faible de 3,3%. Pour autant, le FMI avait, quant à lui, prévu en avril dernier une croissance de 3,6% en 2011 et de 3,2% en 2012. Et comme les grands indicateurs macro-économiques ne devraient pas connaître des hausses sensibles, avec un doublement des dépenses publiques non orientées vers les investissements industriels, le solde budgétaire à fin 2011 sera négatif et devrait s'établir, selon la Banque mondiale, à -3,3%. Il devrait baisser à -1,1% en 2012 contre -3,9% en 2010, «en raison des dépenses publiques élevées». Les dépenses globales prévues par la loi de finances 2011 prévoyaient 6.618 milliards de dinars, et les ressources du fonds de régulation des recettes à 780 milliards de dinars, alors que le déficit budgétaire devait être de 3.335 Mds de dinars, soit 28% du PIB. Et, pour la loi de finances complémentaire 2011, l'Algérie compte consacrer, au titre des dépenses publiques, près de 8.275 milliards de dinars, soit une hausse de 25%, contre 6.618 Mds de dinars dans la loi de finances 2011. Ces dépenses publiques «additionnelles» sont le résultat des subventions décidées par l'Etat sur les prix des produits de première nécessité, comme le sucre, l'huile et la semoule. Après les violentes manifestations contre la hausse des prix en janvier dernier, les pouvoirs publics avaient pris des mesures pour faire baisser les prix de ces produits, et la budgétisation de ces dépenses se retrouve en fait au niveau de la loi de finances complémentaire pour 2011, actuellement sur la table de l'Assemblée populaire nationale. Par ailleurs, la BM prévoit, au titre de la balance des comptes courants, de bons scores, situant son niveau à 17,8% du PIB en 2011 et à 17,4% en 2012 contre 9,4% en 2010. Selon les économistes de la BM, la balance des comptes courants de l'Algérie dépasse largement la moyenne de celle des grands pays exportateurs de pétrole de la région MENA (hors Libye en raison de la crise actuelle) qui devrait se situer à 14,3% en 2011 et à 13,4% en 2012. Ainsi, l'Algérie se classe à la 3e position après le Qatar et le Koweït, devançant une dizaine de pays pétroliers de la région dont l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l'Iran. Par ailleurs, la situation financière extérieure de l'Algérie «reste confortable en raison, notamment, des prix élevés du pétrole». Avec un prix moyen de 110 dollars/baril depuis le mois de février dernier, les recettes d'hydrocarbures de l'Algérie ont été dopées et devraient améliorer à la fin du 1er semestre 2011son excédent commercial. D'autre part, la BM considère que la hausse des prix internationaux des produits alimentaires et leurs effets sur la région MENA n'a pas eu d'impacts sur l'Algérie. «La flambée des cours mondiaux a eu peu d'effets sur les prix intérieurs grâce à la politique du gouvernement reposant sur la subvention des prix qui a permis de protéger efficacement les consommateurs contre les chocs des prix alimentaires», note l'institution de Bretton-Woods.