Synthèse de Salah Benreguia Les toutes récentes prévisions de la Banque mondiale (BM) concernant l'Algérie dépassent légèrement celles du Fonds monétaire international (FMI) du mois d'avril dernier. Si le FMI tablait sur une croissance de 3,6% en 2011 et de 3,2% en 2012, la BM indique dans son dernier rapport, rendu public hier sur la région Mena, que le taux de croissance de l'Algérie devra être de 3,7% en 2011 et de 3,6% en 2012 contre 3,3% en 2010. Cette institution souligne également que le solde budgétaire sera négatif de -3,3% en 2011 avant de baisser à -1,1% en 2012 contre -3,9% en 2010. La cause ? «Des dépenses publiques élevées», dues, certainement, aux dernières augmentations des salaires des différents secteurs d'activité. Quant à la balance des comptes courants, la BM prévoit une bonne performance, en la situant à 17,8% du PIB en 2011 et à 17,4% en 2012 contre 9,4% en 2010, soit les mêmes prévisions du FMI d'avril dernier. Evoquant la situation financière extérieure de l'Algérie, la BM soutient qu'elle «reste confortable en raison notamment des prix élevés du pétrole». Abordant la question de la hausse des prix internationaux des produits alimentaires et ses effets sur la région Mena, la BM souligne qu'en Algérie, «la flambée des cours mondiaux a eu peu d'effets sur les prix intérieurs grâce à la politique du gouvernement reposant sur la subvention des prix qui a permis de protéger efficacement les consommateurs contre les chocs des prix alimentaires». Concernant la région Mena en général, la BM note que les perturbations économiques actuelles dans de nombreux pays de cette région se sont traduites par une prévision à la baisse de la croissance à 3,6% en 2011 contre des prévisions précédentes de 5%. Aux yeux de la vice-présidente de la BM pour la région Mena, Mme Shamshad Akhtar, «la riche expérience des pays qui ont connu des changements politiques similaires suggère que les perturbations à court terme de la croissance économique et les tensions sociales sont inévitables». « La transition est l'occasion pour les pays de rompre avec le passé et aller vers de nouvelles orientations». Pour elle, la priorité est de «transmettre les bons signaux pour restaurer la confiance des investisseurs publics et privés qui, dans la région Mena, appellent à assurer le respect et la dignité des citoyens grâce à des politiques sociales, un changement fondamental des cadres de gouvernance et à un rétablissement rapide de la stabilité macroéconomique». Pour la BM, alors que les pays de la région Mena avaient largement enregistré une nette reprise économique à la fin de l'année 2010, «les événements (politiques) qui ont commencé début 2011 et engendré un changement de régime rapide en Tunisie et en Egypte, et des défis en cours à Bahreïn, en Libye, en Syrie et au Yémen, ont affecté les perspectives macroéconomiques à court terme et le rythme des réformes économiques dans la région». Sur ce point, l'économiste en chef pour la région Mena, Mme Caroline Freund, a avancé que «les effets de ces réformes tendent à suivre une courbe sous forme de J où les choses empirent avant de s'améliorer», en citant l'expérience de pays d'autres régions qui avaient fait une transition réussie après avoir vu leur croissance baisser la première année avant de se redresser rapidement. Pour elle, l'amélioration de l'Etat de droit permettra de «promouvoir la concurrence, assurer la stabilité politique et attirer les investissements, facilitant une croissance plus rapide et d'une manière durable».