Les dernières hausses des salaires, qui ont profité aux fonctionnaires, aux corps constitués (police, douanes, pompiers), ainsi que les médecins, les enseignants universitaires et certains employés de sociétés publiques, entre autres, ne semblent pas faire que des heureux. Des centaines de postulants aux différents programmes de logement, et en particulier la nouvelle formule LPA, ont été exclus de fait après que leurs salaires eurent sauté au-dessus du seuil légal fixé à six (06) fois le salaire national minimum garanti soit 90.000 dinars. Certains avaient même versé la première tranche de leur logement et attendaient seulement l'accord de la Caisse nationale du logement (CNL). «J'ai fait les frais de la dernière hausse des salaires. J'ai payé il y a quelques mois la première tranche de mon logement et il ne restait que le feu vert de la CNL pour avoir l'éligibilité, maintenant tout est tombé à l'eau. Je me suis retrouvé en effet exclu du jour au lendemain du programme LPA, après que mon salaire eut dépassé le plafond du revenu fixé par la réglementation en vigueur à 90.000 dinars», regrette ce jeune cadre. Ces nouveaux exclus du programme LPA se trouvent dans une situation paradoxale. Ils disposent certes de plus d'argent, mais ils ne peuvent plus accéder à un logement, souligne amèrement cet autre cadre qui a adressé une correspondance à notre journal pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur le calvaire de milliers de cadres de la fonction publique. Que peut-on acheter avec un salaire de 100.000 dinars ou 150.000 dinars? Un F4 dans une résidence promotionnelle est proposé à partir de 1,8 milliard de centimes. Les demandeurs doivent verser une première tranche d'au moins un tiers du prix, soit 600 millions de centimes, pour postuler à cette formule. Un cadre qui touche 100.000 dinars devra ainsi épargner la moitié de son salaire pendant trente ans pour payer son logement. Sur le marché de l'immobilier, les prix des logements restent hors de portée. Un appartement F3 dans une banlieue Est de la capitale est proposé à partir d'un milliard de centimes, soit l'équivalent de 17 ans de laborieuse épargne. Que reste-t-il pour les «victimes» des dernières hausses des salaires? La seule issue pour des centaines de couple est la location, mais cette alternative a aussi ses inconvénients vu la flambée continue qui touche les loyers dans les grandes villes du pays. Le loyer d'un appartement F3 est négocié à partir de 30.000 dinars, voire davantage à Alger. Le plus préoccupant est que les loyers progressent à un rythme effréné d'année en année. Des milliers de couples vivent ainsi dans une angoisse permanente de se voir jetés à la rue par les propriétaires. Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Noureddine Moussa, a affirmé jeudi à Alger qu'il est «difficile» de plafonner le revenu mensuel à 35.000 DA pour l'accès au logement social, car les conditions actuelles ne permettent pas la réalisation de nouveaux programmes pour satisfaire la demande sur ce type de logements. Lors d'une séance plénière du Conseil de la Nation, consacrée aux questions orales, il a souligné que l'application d'une telle mesure proposée par un membre du Conseil signifie «la hausse de la demande sur le logement social, ce qui exige, a-t-il dit, la réalisation de nouveaux programmes de logements publics pour satisfaire la demande». Le ministre a indiqué que le salaire plafond exigé pour bénéficier d'un logement social, qui était de 12.000 DA il y a trois ans, est passé à 24.000 DA en vertu du décret exécutif du 11 mai 2008. «L'Etat, convaincu que le salaire plafond de 12.000 DA était désormais inadéquat, vu qu'il privait les citoyens à faible revenu de bénéficier du logement social, a décidé de l'augmenter afin de permettre aux catégories les plus démunies de bénéficier d'un logement. Cette récente mesure a contribué grandement à augmenter la demande sur ce type de logement, depuis son entrée en vigueur», a-t-il relevé. Le ministre a, d'autre part, rappelé les subventions directes et indirectes octroyées par l'Etat pour permettre aux citoyens de bénéficier d'un logement décent, précisant que des commissions ont été installées pour revoir les conditions d'accès aux différentes subventions de l'Etat et au logement social. Evoquant le programme de réalisation de 4.000 unités dans le cadre de la formule location-vente à Alger, M. Moussa a invité les quelque 142.000 citoyens qui ont déposé leurs dossiers pour l'acquisition d'un logement à faire preuve de «patience». M. Moussa a indiqué que les citoyens ayant versé la première tranche seront les premiers à bénéficier du quota de 4.000 logements de type location-vente.