C'est une bien triste mais combien tragique affaire qu'a eu à juger, dans sa toute première audience pour cette deuxième session de l'année 2011, le tribunal criminel près la cour de justice de Médéa. Une affaire d'homicide volontaire avec préméditation dont était accusé A.G., âgé de 24 ans et demeurant à Ksar El-Boukhari, et dont a été victime A.M., le même âge et demeurant dans la même ville. Une affaire dont les faits remontent, selon l'arrêt de renvoi dressé par la chambre d'accusation près le tribunal de Ksar El-Boukhari, à cette fatidique fin d'après-midi, à exactement 17h30, du samedi 25/12/2010 et dont la genèse a été tout simplement l'utilisation d'un terrain sportif combiné, pour une partie de football, au niveau du quartier de Romanate de la ville de Ksar El-Boukhari, chef-lieu de daïra situé à 64 km au sud de Médéa. Une altercation, en début d'après-midi, entre A.G et A.M. qui allait se poursuivre en ville. D'insultes et de grossièretés au niveau du terrain combiné, cette dispute prendra plus tard une tournure dramatique sous forme de vendetta, des deux côtés, dans la mesure où les frères des deux antagonistes se mêlèrent à «l'affaire». Des échanges de coups à l'aide de bâtons et de poings et, au cours de la mêlée, A.G. assènera un violent coup de couteau au niveau du cœur de A.M. qui, transporté d'urgence à l'établissement public hospitalier de la ville, décédera une demi-heure plus tard des suites de sa grave blessure. Lors de son interrogatoire par le président du tribunal criminel près la cour de justice de Médéa, A.G. se confinera dans la même réponse: «J'ai été agressé, insulté, malmené par A.M. mais je ne voulais en aucun cas le tuer. C'est un malheureux accident. Je le jure». Et le président de répliquer: «Mais alors pourquoi êtes-vous allé chez vous prendre un tournevis et un couteau et retourner en ville à la recherche de la victime ?» Silence de l'accusé. Et le président du tribunal d'enchaîner: «Avez-vous dit: lui, moi ou la prison ?» Un autre silence de l'accusé. Parmi les cinq témoins appelés à la barre, l'associé de la victime (les deux géraient un taxiphone) fera une déposition lourde de conséquences: «J'ai à deux reprises tenté de calmer, d'assagir A.G. mais sans aucun résultat.» Une déposition que ne niera pas A.G., silencieux dans le box des accusés. Les parents de la victime n'ayant pas engagé d'avocat, ce sera au représentant du ministère public d'entamer son réquisitoire et de conclure: «Les faits de l'homicide volontaire avec préméditation sont établis. Trois disputes successives n'ont pas suffi à calmer l'accusé qui ne pensait qu'à se venger. Et il l'a fait au cours de cette quatrième dispute qui allait être fatale à la victime. Le port du couteau et du tournevis ajouté à la région du cœur qui a été choisie par l'accusé ne laissent aucun doute sur la préméditation de l'homicide volontaire. Et c'est pour toutes ces raisons que nous réclamons la prison à perpétuité à l'encontre de l'accusé A.G.» Une demande de peine que les trois avocats de la défense feront tout pour réduire, au prix de brillantes plaidoiries, en demandant au tribunal criminel de requalifier l'accusation d'homicide volontaire avec préméditation en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Ce que suivra à moitié le tribunal criminel près la cour de justice de Médéa qui, après délibérations, confirmera l'homicide volontaire mais sans préméditation et condamnera l'accusé A.G. à un emprisonnement ferme de dix ans. Quant aux dommages et intérêts au profit des parents de la victime, il y a lieu de noter qu'un accord à l'amiable avait été conclu, juste après le drame, entre les deux familles avec l'aide des sages et des imams de la ville de Ksar El-Boukhari, et qui s'était soldé par la remise effective de 100 millions de centimes (une collecte des citoyens de la ville) au père du défunt.