Poursuivant ses travaux pour cette première session de l'année 2011, le tribunal criminel près la cour de justice de Médéa avait à traiter et juger, jeudi dernier, une affaire d'homicide volontaire. Un arrêt de renvoi qui mettait en cause le dénommé B.M. âgé de 59 ans. Le représentant du ministère public qui, dans son bref réquisitoire, dira: «Des témoignages de mineurs très contradictoires, et un certificat d'autopsie clair, net et précis. A cela s'ajoute cette déclaration du père de la jeune victime, que Dieu ait son âme, qui nous sort aujourd'hui cette histoire des 40 millions de centimes que la famille de l'accusé lui aurait proposés en échange de son pardon. Ce qui n'apparaît aucunement dans le dossier d'accusation et n'est jamais apparu lors des audiences des deux premiers jugements. Aussi, s'il existe un seul indice prouvant la responsabilité de la personne qui est aujourd'hui dans ce box dans la mort du jeune garçon, alors je demande à l'honorable tribunal qui siège aujourd'hui l'application de la plus extrême des sentences». Et ajoute, à la présence, dans le dossier de ce certificat d'autopsie, délivré deux jours après le décès du jeune garçon, et démontrant que la mort était naturelle car le cadavre ne présentait ni blessures ni lésions, c'était suffisant pour le tribunal criminel près la cour de justice de Médéa pour prononcer l'acquittement au bénéfice de B.M. Ce dernier, pour l'information, comparaissait pour la troisième fois après les deux cassations qui avaient suivi les deux premiers jugements, terminés par l'acquittement du présumé coupable, B.M. De quoi est-il dans cette affaire? De l'arrêt de renvoi dressé par la chambre d'accusation près le tribunal de Médéa, les faits en question remontent au 17 juillet 2006, quand les éléments de la brigade territoriale de la Gendarmerie nationale de Médéa avaient été alertés de la mort du jeune H.C., âgé d'à peine 16 ans au lieudit Sid Amar. Arrivés sur les lieux, ils découvriront effectivement le corps inanimé du jeune garçon autour duquel se trouvaient deux camarades et son frère, tous mineurs au moment des faits. Et ce seront justement les témoignages de ces derniers qui enverront le présumé coupable en prison pour neuf mois, de juillet 2006 à avril 2007. «Des faux témoignages faits de surcroît par des mineurs lors de l'instruction et en l'absence de leurs parents. Ce qui est contraire à la procédure. De faux témoignages, contradictoires, qui sont maintenus aujourd'hui en présence de leurs parents. Mon mandant est innocent et il ne cesse de le clamer depuis presque cinq ans. Libérez-le de cette injustice et rendez-lui sa liberté de façon définitive», dira avec brio Maître Noureddine Benhafri, l'avocat de la défense. Un premier chef d'inculpation, en 2006, et un premier acquittement en 2007. Et une première cassation. Un deuxième jugement avec la requalification d'homicide volontaire en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Et un deuxième acquittement. Et une deuxième cassation. Un troisième jugement donc et ce troisième acquittement et l'apaisement définitif pour B.M. qui avait déclaré, lors de son interrogatoire, jeudi dernier par le président du tribunal criminel près la cour de justice de Médéa: «Je suis innocent devant Dieu et devant les hommes. Je n'ai jamais été dans ce verger le jour de cette malheureuse affaire. Et je n'ai rencontré ces garçons que devant les gendarmes, au siège de la brigade».