Après la démonstration de force des médecins résidents de mercredi dernier, en organisant une marche à Oran, le CAMRA, collectif autonome des médecins résidents algériens, dit toute sa détermination à continuer le combat et à reconduire le mouvement de grève entamée depuis maintenant trois mois, tout en assurant un service minimum qui consiste dans l'activité des gardes au niveau des pavillons d'urgence. Une information qui vient contredire les bruits faisant état de l'arrêt des gardes décidé par les médecins en réponse aux sanctions ministérielles. Le docteur Sid-Ali Merouane, membre du Collectif, joint par téléphone, en évoquant justement ces sanctions décidées par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, a confirmé les ponctions sur salaires entrées en vigueur dans certains des Centres hospitalo-universitaires du pays. A propos de l'implication de médecins non grévistes dans le dialogue avec la tutelle, une sorte de «jaunes» appelés à court-circuiter le mouvement, notre interlocuteur se contentera de dresser un parallèle entre la déclaration de M. Bouchenak, le secrétaire général du ministère de tutelle, qui avait, lors d'une émission radiophonique, et à propos des doléances des grévistes concernant les incommodités liées au service civil, qu'il ne fallait pas chercher des poux sur la tête d'un chauve. Histoire de dire qu'il n'y aura aucun médecin résident qui accepterait de dialoguer avec le ministre en dehors du Collectif. Quant aux sanctions de 2e et 3e degrés, équivalentes de blâmes et de radiations, il avoue ne pas avoir de nouvelles dans ce sens. Cependant, le docteur Sid-Ali Merouane affirme toute la volonté des médecins grévistes à aller au bout de leurs revendications, regrettant l'attitude de la tutelle qui sanctionne au lieu d'installer un dialogue constructif. «Ce ne sont pas les menaces et les intimidations qui nous feront changer d'avis. La poursuite de la grève a été unanimement décidée et nous la continuerons jusqu'à la satisfaction de tous les points contenus dans la plate-forme revendicatrice». Parmi les actions à entreprendre, le CAMRA organisera mercredi prochain trois sit-in régionaux, à l'Est, à l'Ouest et au Centre, probablement à l'hôpital Mustapha Bacha, en collaboration avec les associations de défense des droits des malades pour une opération de collecte de sang. Notre interlocuteur avait déjà insisté sur la fermeté du Collectif qui ne compte pas baisser les bras jusqu'à l'agrément de toutes les revendications y compris celles ayant trait au volet pédagogique. «Nous voulons des garanties sur le point du caractère sanctionnant les examens intercalaires car malgré les assurances du ministre, certains directeurs pédagogiques ont clairement affirmé ne pas suivre les instructions de Ould Abbès», a-t-il expliqué. S'agissant du service civil obligatoire, dont l'abrogation constitue la principale revendication des médecins résidents, le ministre avait annoncé l'installation officielle d'une «commission de sages» en vue d'une «possible» révision de cette mesure. Une déclaration qui n'est pas du goût des contestataires qui persistent à vouloir abroger le caractère obligatoire du service civil. Le CAMRA est plutôt favorable à l'initiative du président de l'Assemblée populaire nationale (APN) pour l'instauration d'un moratoire sur le service civil. Outre l'abrogation des lois et décrets relatifs au service civil obligatoire des médecins spécialistes et du service militaire, les grévistes exigent la révision du statut actuel du résident, la réévaluation de leur rémunération mensuelle et la révision de la prime de garde à hauteur de 4.000 DA au lieu de 690 DA.