Abdelwahid Bouabdellah a été limogé de son poste de PDG d'Air Algérie. Il a été remplacé par Mohamed Salah Boultif, qui cède son poste de DG de Tassili Airlines à Fayçal Khelil, jusque-là président du directoire de l'Entreprise de gestion des ports SGP-Sogeport. Exit donc pour un personnage à la confluence de la politique (FLN) et du management public. Abdelwahid Bouabdellah avait été placé à la tête d'Air Algérie en mars 2008. Il avait dirigé auparavant la Cnep, l'Anep et le groupe Cosider. Il était également un «politique»: membre du comité central du FLN et ex-député d'Alger. Le 7 mars dernier, alors que les pilotes de ligne avaient débrayé, des informations avaient circulé sur la démission ou le limogeage de Bouabdellah. Il avait démenti en personne la nouvelle en mettant en cause un responsable influent au Premier ministère. Cette fois-ci, l'information ne risque pas d'être infirmée. D'après nos informations, les directeurs des différents départements d'Air Algérie ont été convoqués, hier soir, au siège de la direction générale pour être officiellement avisés de la nouvelle. Si aucune indication précise n'a été donnée sur les raisons de ce limogeage, une série d'éléments laisse clairement indiquer que le PDG d'Air Algérie a fait les frais de sa gestion de la grève des personnels naviguant commerciaux (hôtesses de l'air, stewards), mercredi dernier, qui a laissé en rade des milliers de voyageurs de la compagnie Air Algérie. Après avoir fait peu de cas du préavis lancé par le Syndicat national du personnel navigant commercial algérien (SNPNCA), le PDG d'Air Algérie a dû ramer pour reprendre la main. Des hausses annoncées et des répliques Il aurait, selon des sources au sein de la compagnie nationale, fait des promesses d'augmentations aux représentants des hôtesses et stewards qui ont fait des vagues. Selon nos sources, ces personnels, payés actuellement entre 60.000 et 70.000 dinars avec une prime de 200 euros, ont reçu des promesses de hausse qui porteraient les salaires à 100.000 dinars et plus suivant les catégories, avec une prime de 300 euros. Le personnel naviguant commercial se retrouvait ainsi mieux rémunéré que les personnels techniques à la qualification plus importante. La rumeur sur ces promesses a eu un effet immédiat, rapportent plusieurs sources au sein d'Air Algérie. «La compagnie compte une douzaine de syndicats. A peine ont-ils appris ce que les hôtesses et stewards ont obtenu qu'ils ont fait des affichages réclamant une hausse générale pour tous de 35%», explique un cadre au sein de l'entreprise. En cédant sur les revendications salariales du personnel naviguant commercial à la qualification relative, le PDG d'Air Algérie aurait ainsi ouvert le terrain à une généralisation des revendications salariales au sein d'une entreprise publique à la situation financière plutôt délicate. C'est, indique-t-on, l'explication la « plus plausible » d'un limogeage qui ne surprend pas vraiment à Air Algérie. Un manager «politique» «L'épaisseur politique» dont pouvait se prévaloir Wahid Bouabdellah n'a pas eu d'effets probants sur la situation d'Air Algérie. L'ex-PDG d'Air Algérie a été l'initiateur d'un mouvement de retrait des dirigeants des entreprises publiques du FCE (Forum des chefs d'entreprises) à la suite d'un «excès» de critique de la part Réda Hamiani au sujet des mesures décidées par la LFC 2009, dont le Credoc. Bouabdellah avait dit ne pas supporter une « critique acerbe contre la vision économique de l'Etat» de la part de Hamiani. Un mouvement qui semble avoir été «inspiré» par les autorités afin «d'assagir» le FCE. Chose faite au demeurant. Mais quelques mois après son mouvement de retrait du FCE, le PDG d'Air Algérie n'a pas hésité à critiquer le Credoc en affirmant qu'il faisait perdre des millions de dollars à Air Algérie.