Fin de mission pour le PDG d'Air Algérie Wahid Bouabdallah. Il a été limogé hier de son poste lors d'un conseil d'administration qui s'est tenu au siège du ministère des Transports, a-t-on appris de source proche de la direction générale à Alger. Plusieurs raisons ont été à l'origine de sa mise à l'écart. L'ex-PDG était empêtré depuis plusieurs mois dans d'interminables conflits sociaux à Air Algérie qu'il n'a pas su régler. Il s'est mis à dos plusieurs cadres et employés qu'il avait critiqués publiquement, suscitant l'indignation et la déception. Il avait également maille à partir avec les différents syndicats du personnel, qu'ils soient autonomes ou affiliés à l'UGTA. Les mêmes sources précisent que le DG de la compagnie Tassili Airlines, filiale de Sonatrach, a été désigné comme responsable intérimaire d'Air Algérie, en attendant la nomination officielle d'un nouveau PDG. Le PDG de Tassili, Mohamed Salah Boultif, a été nommé récemment à la tête de la filiale aérienne de Sonatrach, après l'incarcération de son ancien responsable Abdelhafid Feghouli, accusé de corruption. Le nouveau PDG intérimaire, Mohamed Salah Boultif, a exercé durant plusieurs années des fonctions importantes au sein d'Air Algérie. Il a été nommé comme représentant de l'Algérie à l'Organisation de l'Aviation civile Internationale (OACI). En avril 2005, il devient directeur général de l'Etablissement de gestion de services aéroportuaires d'Alger (EGSA) jusqu'à sa nomination en février 2011 en tant que directeur général de Tassili Airlines. Quant à la gestion de Tassili, il a été décidé de la confier, selon nos sources, à Fayçal Khelil, ancien PDG d'Air Algérie et actuellement PDG de la société de gestion des participations de ports algériens commerciaux et de pêche. Cadre supérieur chevronné, il a mené plusieurs projets stratégiques, dont celui de la privatisation des ports d'Alger, de Béjaia et des ports de pêche. Selon nos sources, le limogeage du PDG de la compagnie aérienne a été motivé par plusieurs motivations liées «aux erreurs commises par la personne de Wahid Bouabdallah». Il s'agit plus particulièrement de ses réactions aux préoccupations socioprofessionnelles du personnel de la compagnie. Il avait traité, au début de sa prise de fonction, les stewards et les pilotes de «voleurs», jusqu'à leur imposer des mesures de contrôle «indignes», sans compter «les pressions exercées sur certains cadres de la direction générale». Air Algérie a traversé ces derniers jours de nombreuses crises, qui a connu son épilogue avec grève du personnel naviguant commercial paralysant pendant 24 heures tous les aéroports du pays. Durant cette crise, l'ex-PDG d'Air Algérie s'est distingué par une attitude jugée «provocatrice» et «méprisante» par le personnel naviguant. Des sources syndicales n'ont pas omis de signaler que l'ancien responsable avait refusé d'appliquer l'accord salarial signé il y a quelques mois avec le syndicat de l'UGTA. Auparavant, la compagnie nationale avait frôlé l'interdiction du ciel européen, et l'ancien PDG d'Air Algérie avait imputé cette crise à… la presse nationale. Il s'est également distingué par des réactions épidermiques, jugées déplacées, en accusant de «traîtrise» la moindre critique contre la compagnie. Impairs politiques Personnage autoritaire, «cassant et méprisant», disent ses collaborateurs à Air Algérie, M. Bouabdellah a également agacé et passablement irrité les pouvoirs publics avec une sortie pour le moins hasardeuse récemment. Sortant du cadre de ses prérogatives, il a commis ce qu'on pourrait qualifier des bourdes politiques. Il avait tenu des déclarations maladroites sur le futur des relations algéro-marocaines, allant jusqu'à signifier son opposition à la réouverture des frontières tant que les biens de sa famille, spoliées par les autorités marocaines, n'ont pas été restitués. Ayant vécu à Oujda, la famille de Bouabdellah avait fourni une aide inestimable aux révolutionnaires algériens durant la guerre de libération. Cet aspect reste cependant du domaine privé, et M. Bouabdellah en a fait une carte dans les relations algéro-marocaines, pourtant déjà suffisamment sensibles. Dans la même sortie médiatique, M. Bouabdellah avait commis un autre impair en portant avec légèreté des accusations graves contre l'Iran, allié stratégique de l'Algérie, en particulier en ces moments troubles qui menacent le monde arabo-musulman. En mars dernier, le PDG d'Air Algérie avait déposé sa démission. Cette demande de démission a été motivée, selon lui, par des pressions de «lobbies qui voulaient détruire le pavillon aérien national et accaparer le marché du transport domestique». La lettre de démission déposée chez le ministre des Transports n'a pas été acceptée et le gouvernement avait renouvelé sa confiance à M. Bouabdellah. Ancien député du Front de libération nationale, Wahid Bouabdellah, âgé de 58 ans, a été nommé à la tête d'Air Algérie depuis mars 2008 après le décès de l'ancien PDG Mohamed Tayeb Benouis. Il a fait sa carrière dans le secteur public en dirigeant plusieurs grandes entreprises, telles que Cosider, la CNEP et l'ANEP. Son passage à la tête d'Air Algérie a été marqué par des résultats plutôt satisfaisants avec le retour à l'équilibre financier, le renouvellement de la flotte aérienne et l'ouverture de lignes internationales et nationales.