Les deux jeunes amis ne pesaient pas les conséquences de leur acte quand ils ont convenu, la veille du samedi 11 juin, d'échanger leurs identités le temps d'un examen. B. W., 22 ans, était faible, trop faible même, en langue arabe, la langue de Mutanabbi. Cette matière était, en partie, à l'origine de ses trois échecs consécutifs dans le baccalauréat. Plus qu'un handicap technique, ce module est devenu au fil des années un complexe psychique pour ce candidat. Cette épreuve était d'autant une source de défaitisme pour lui qu'elle constituait le plat d'entrée du menu de la session 2011. D'où l'idée de faire appel à son copain, B. L., 28 ans, licencié en lettres arabes. Celui-ci accepte d'interpréter le rôle de doublure. On enlève la photo de Tahar de sa carte d'identité et on la remplace par celle de Lamine. La falsification faite d'une manière grossière en dit long sur l'ingénuité des deux jeunes «faussaires». Le faux candidat s'est fait repérer par les surveillants au premier contrôle de vérification, au niveau du centre d'examen le lycée Cheikh Ibrahim Tazi, sis à Es-Seddikia. Une semaine plus tard, les candidats libres, le vrai et le faux, comparaissaient détenus devant le tribunal pénal pour répondre des chefs d'accusation de faux et usage de faux et usurpation d'identité. Le représentant du ministère public a requis un an de prison ferme pour l'un comme pour l'autre. Ils ont été condamnés à six mois de prison avec sursis. Sentence accueillie plutôt avec satisfaction par l'avocat du candidat «fraudeur», lequel conseil a estimé dans sa plaidoirie que la privation du droit de passer l'examen du bac pendant cinq ans était en soi une sanction suffisamment punitive pour son mandant.