La marche devant être organisée aujourd'hui par les avocats exerçant dans la capitale ne devrait pas avoir lieu, selon le bâtonnier d'Alger, Me Abdelmadjid Sellini. Contacté hier matin par téléphone, ce dernier, dans une déclaration au «Quotidien d'Oran » estimera qu'en présence d'éléments nouveaux dans le bras de fer qui oppose les robes noires au garde des Sceaux, il est plus judicieux de surseoir à cette marche devant amener les avocats du tribunal Abane Ramdane à l'Assemblée populaire nationale (APN) pour manifester contre le projet de loi portant organisation de la profession d'avocat. A ce sujet, et évoquant le renvoi dudit projet à la session d'automne, le bâtonnier d'Alger dira qu'il est « inutile de tirer une balle à blanc » en décidant de la tenue de la marche pour aujourd'hui. « Si ce n'est pas pour demain (aujourd'hui, NDLR), ça sera pour la semaine prochaine », ajoutera notre interlocuteur qui confirme que la décision de renvoyer le fameux projet de loi sujet à toutes les polémiques n'est pour l'instant qu'officieux. « Pour le moment, on n'a pas reçu d'écrit officiel et l'information nous a été communiquée par des sources en- dessous de la coupole du Parlement », expliquera-t-il. Donc, marche ou pas, c'est au Conseil des avocats d'Alger de décider, lui qui s'est réuni hier en fin d'après-midi pour décider de la démarche à suivre. «La décision revient au Conseil», dira encore Me Sellini qui penche davantage vers un report de la marche. Une conférence de presse est prévue aujourd'hui pour rendre public le « verdict » du Conseil d'Alger. Interrogé à propos d'un éventuel conflit avec l'UNBA, l'Union nationale des barreaux d'Algérie, le bâtonnier d'Alger mettra les choses au point en niant l'existence d'un quelconque conflit si ce n'est avec la personne du président de l'UNBA qui se « trompe lourdement », selon sa propre formule. « Il cherche à imposer sa vision des choses alors que c'est à la majorité d'en décider ». Dans une déclaration antérieure à la presse, Me Sellini avait affirmé que la majorité des bâtonnats de l'Union nationale des barreaux d'Algérie «soutiennent le bâtonnat d'Alger dans sa position et demandent le retrait du projet», une annonce qu'il a réitérée au «Quotidien d'Oran». Concernant ce dernier point, il se veut fédérateur et explique que ses confrères d'Alger et des barreaux des autres wilayas sont unanimes pour mettre le holà à cette situation. Mercredi passé, les avocats d'Alger avaient décidé d'un débrayage qui avait paralysé les tribunaux de la capitale. Lors d'un point de presse organisé à la cour d'Alger où se sont regroupés les avocats, Me Sellini a estimé que le texte en question était «rétrograde» et qu'il allait «museler l'avocat et faire basculer le dernier bastion de la liberté en Algérie, celui du droit de la défense». Alger compte quelque 5.385 avocats sur environ 30.000 avocats dans tout le pays. Me Sellini avait, par ailleurs, soutenu que le gouvernement avait encore la possibilité légale de retirer le projet de loi, avant de menacer de «radicaliser le mouvement» si rien n'est fait après cette journée de protestation.