«60% des Algériens sont des rhumatisants», a déclaré jeudi à Constantine le Dr Hafi-Euchi Rebiha, présidente de l'Association des rhumatologues algériens privés (ARAP)». Selon ses dires, ils sont atteints soit de rhumatismes mécaniques, comme les arthroses et les tendinites, soit de polyarthrites, pathologie dont le traitement coûte très cher à la société et à la sécurité sociale. Elle a signalé que, d'une manière générale, la rhumatologie a beaucoup évolué en Algérie, et ce aussi bien dans la prise en charge que dans le traitement de fond, car «maintenant, nous avons la chance d'avoir les TNF, cette molécule qui bloque l'évolution de la maladie», a ajouté cette praticienne qui s'est exprimée en marge des 8es Journées internationales de la rhumatologie, tenues le 30 juin à l'université des sciences islamiques Emir Abdelkader de Constantine. «Nous avons délocalisé l'événement cette année à Constantine pour faire connaître la rhumatologie un peu partout dans les régions du pays, notamment dans la région Est». Ces journées de formation médicale continue ont réuni, pendant deux jours, dans la grande salle de l'université des sciences islamiques Emir Abdelkader de Constantine, quelque 300 participants venus de toutes les régions du pays, ainsi que des sommités médicales invitées par l'association, venues de France, de Suisse, d'Espagne, de Tunisie et de Syrie. «C'est une spécialité qui est encore mal connue dans notre région», a estimé la présidente de l'association des rhumatologues, qui a retenu les thèmes de la pathologie du genou, la sciatique, l'actualité des traitements de la polyarthrite, de l'ostéoporose, les connectivités ainsi que l'imagerie médicale en rhumatologie. «Beaucoup de nos médecins aimeraient quand même avoir la chance de pouvoir écouter des sommités, comme le professeur Bourgeois qui est chef de service à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris, spécialiste des maladies systémiques qui posent énormément de problèmes à nos malades. Il y a également le professeur Bernard Amor, de l'hôpital Cochin de Paris, qui a créé des «critères» pour la spondilartropathie. Nous avons la chance de l'avoir ici car le traitement de cette maladie handicapante, qui donne des raideurs dans certaines parties du corps, est devenu possible. Et même si les malades ne sont pas guéris à cent pour cent, il n'y a plus ces complications dramatiques qu'on voit encore dans notre pays», a expliqué encore notre interlocutrice. Elle ajoute qu'aujourd'hui en Algérie, il y a beaucoup de choses qu'on peut faire dans le traitement de la polyarthrite qui constituait une maladie grave, handicapante et qui, en moins de deux ans, créait des handicapés au niveau des mains qui se déforment. Maintenant, a-t-elle assuré, on ne voit plus cela car il y a désormais une bonne prise en charge. C'est dire que la rhumatologie est devenue une science à part entière et nos rhumatisants ne sont plus handicapés. Ils peuvent vivre une vie décente. En ce qui concerne la sciatique, les organisateurs ont déclaré que ce thème a été choisi parce qu'il arrive que des gens se font opérer pour une simple hernie discale, alors que cela ne se fait plus ailleurs, car l'histoire naturelle de l'hernie discale évolue d'elle-même. Et il faut savoir passer le cap des traitements par une bonne prise en charge, par une rééducation, et après l'opération devient inutile, sauf dans des cas où il y a une hernie exclue, des problèmes neurologiques, etc. En matière de traitement de la rhumatologie en général, les différents intervenants estiment avoir maintenant la chance de pouvoir utiliser les anti-TNF, une molécule qui bloque l'évolution de la pathologie handicapante et ont félicité l'association pour avoir invité un grand professeur français pour parler de cela.