La nouvelle fait sensation au Maroc. Lalla Salma, l'épouse du Roi Mohammed VI, a offert à l'ancienne ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni en visite secrète à Rabat en 2009 un collier serti de diamants de très grande valeur. L'information, rapportée par certains sites marocains avec prudence, cite l'édition du jeudi du journal israélien Maariv comme source. En fait, la visite au Maroc de Tzipi Livni, qui dirigeait au moment de son séjour au Maroc le parti d'opposition Kadima, n'était pas tout à fait secrète. Elle avait été invitée au Forum MEDays organisé à Tanger, du 19 au 21 novembre 2009, par Amadeus, un « think tank » que dirige le jeune Brahim Fassi Fihri, le fils du ministre marocain des Affaires étrangères Taib Fassi Fihri. De là à penser qu'il s'agissait d'une invitation officielle déguisée, il n'y a qu'un pas franchi par de nombreuses associations de la société civile marocaine qui avaient dénoncé une visite qui se déroulait alors qu'un mandat était lancé en Grande-Bretagne contre Livni pour «crimes de guerre» à Ghaza. Trois avocats et une ONG marocains avaient condamné la visite de Mme Livni et porté plainte contre elle devant un tribunal de Rabat pour «crimes de guerre» pendant l'intervention israélienne à Gaza de fin 2008-début 2009. L'ancien bâtonnier Abderrahmane Benameur avait qualifié cette visite «d'événement dangereux», «qui cache mal l'intention de normaliser (les relations) avec l'entité sioniste». Tzipi Livni était en effet ministre des Affaires étrangères lors du grand carnage commis par l'armée israélienne contre Ghaza entre décembre 2008 et janvier 2009. L'affaire du collier de Lalla Salma reprise par certains sites d'informations marocains suscite un grand embarras chez les officiels et les partis institutionnels. Certains refusent de commenter une information qui concerne directement le Roi. Ou bien s'en font les défenseurs par principe. A l'instar du parti islamiste agréé le PJD (Parti de la justice et du développement) dont un des responsables, Mustapha Ramid, cité par le site lakome.com affirme ne pas «croire» qu'une telle chose se soit produite avant d'ajouter qu'il attendait que le «palais rende public un communiqué» avant de s'exprimer sur l'affaire. Un autre responsable politique, Khalid Soufiani, appelle à prendre l'information avec «précaution» tout en considérant que «toute forme de normalisation avec une femme telle que Tzipi Livni, qu'on considère comme une terroriste, est à condamner». L'embarras des politiques marocains est d'autant plus grand que le roi Mohammed VI a lui-même été derrière un geste très controversé en septembre 2009. Il avait remis le titre de Chevalier de l'ordre du trône du royaume du Maroc à Jason F. Isaacson, directeur de gouvernement et d'affaires internationales du Comité américano-juif (AJC), un puissant groupe de lobbying sioniste très introduit dans l'administration américaine. Jason F. Isaacson avait, sans surprise, appuyé avec force les massacres contre Ghaza. L'information sur la remise du titre n'avait pas été annoncée officiellement au Maroc, c'est un site communautaire juif aux Etats-Unis qui l'a révélée. Il faut dire que la « sacralité » de la personne du Roi qui a été préservée dans la Constitution révisée sous le terme « d'inviolabilité » ne permet pas aux politiques marocains de trop se prononcer sur un sujet délicat. Le fait que des sites d'informations marocains rapportent l'information n'en est que plus méritoire.